Retrouvez les chefs-d'oeuvre de la MINIATURE PERSANE et INDIENNE en PUZZLES sur le site : http://www.sindbad-puzzle.com/

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samedi 29 juin 2013

Inayat Khan à l'agonie

Inayat Khan agonisant, Balchand ?, vers 1618

Inayat Khan était un des serviteurs intimes de l'empereur moghol Jehangir. On le voit ici, assis sur une couche au milieu de traversins imposants, d'une maigreur cadavérique, les yeux perdus dans le vide. Ses addictions à l'alcool et à l'opium auront eu raison de lui. C'est sans doute avec impatience qu'il doit attendre Azraël, l'ange de la mort, qui en emportant son âme le délivrera de ses souffrances physiques.
La composition nous offre une vision poignante d'un homme sur le seuil de la mort. Les larges coussins aux couleurs vives contrastent avec le corps livide du mourant. Le gros traversin noir semble nous indiquer que la camarde est désormais devenue son compagnon intime et inséparable. Les murs ont pris une teinte sépulcrale et les draps s'apparentent à un linceul. Pourtant, il se dégage toujours du visage du malheureux une dignité, une gravité, voire même une certaine élégance qui viennent conférer à son agonie une épreuve digne d'un héros grec ou d'un prophète biblique. Des gribouillis situés sur un coin du drap semblent attribuer la peinture à Balchand, grand miniaturiste du XVIIe siècle.
Dans ses Mémoires, Jehangir nous révèle l'origine de cette miniature. Cet extrait en dit également long sur certains aspects de la vie à la cour moghole, notamment sur la consommation, largement répandue, de stupéfiants. Plusieurs souverains et princes, dont Jehangir, moururent alcooliques ou opiomanes.

"En ces jours me parvint la nouvelle de la mort d'Inayat Khan. C'était un de mes attendants intimes. Il s'adonnait à l'opium, ainsi qu'à la boisson chaque fois qu'il en avait l'occasion, et le vin l'avait progressivement rendu fou. Etant de constitution fragile, il en buvait plus que son corps n'en pouvait absorber. Il fut bientôt atteint de diarrhée et, de faiblesse, s'évanouit à deux ou trois reprises. Sur mon ordre, Hakim Rukna appliqua des remèdes, mais la méthode employée, quelle qu'elle fût, ne donna aucun résultat. En même temps, une faim étrange envahit le malade, et bien que le médecin s'efforçât de lui interdire la nourriture, à l'exception d'un repas toutes les vingt-quatre heures, il ne pouvait se retenir. Il lui arrivait aussi de se jeter sur l'eau ou le feu comme un dément, jusqu'à se mettre dans un état lamentable. Enfin, il sombra dans une espèce de léthargie et devint extrêmement lent de gestes. Un peu avant cela, il m'avait demandé permission de se rendre à Agra. Je lui ordonnai de venir chercher l'autorisation de ce congé en ma présence. On me le mit sur un palanquin et on me l'amena. Il me parut si bas et si faible que j'en fus étonné. Il n'avait que la peau sur les os - et même ceux-ci semblaient s'être dissous. Beaucoup d'artistes se sont appliqués à peindre des visages émaciés, mais je n'avais jamais rien vu de comparable ou d'approchant au sien. Dieu de bonté, comment le fils d'un homme peut-il en arriver à une telle apparence ?
Comme c'était un cas très extraordinaire, je donnai à des peintres l'ordre de faire son portrait."

Croquis avant peinture de Inayat Khan agonisant. Le dessin frappe par son réalisme sans concession. Le page n'a plus que la peau sur les os, ses yeux sont vitreux et hagards, comme s'ils regardaient la mort approcher, vers 1618

vendredi 28 juin 2013

Sindbad PUZZLE au Ratha Yathra 2013 de Paris





Sindbad PUZZLE sera présent avec son stand de puzzles indiens et persans à la fête de Ratha Yatra 2013 de Paris qui se déroulera le 7 juillet. Le stand sera situé près de la Rotonde, place Stanlingrad, dès 9H00 du matin et jusqu'à tard le soir.

Le Ratha Yathra, c'est le festival du char de Jaganath (Krishna). Un chariot imposant, richement décoré, et consacré au dieu Krishna sera tiré par des fidèles à travers les rues de Paris. Le convoi partira de la place des Halles vers 14H00 pour se rendre à la place de Stalingrad où il arrivera autour de 17H00.
Le Ratha Yathra, c'est toute l'Inde en fête. Tout au long de la journée un programme particulièrement riche en spectacles et divertissements sera présenté aux parisiens avec un repas végétarien gratuit à Stalingrad offert par les organisateurs.
Le Ratha Yathra constitue l'une des plus grandes manifestations culturelles et spirituelles autour de l'Inde. Il représente un grand moment de convivialité, de fraternité et de partage autour de l'Inde.


mardi 25 juin 2013

Nainsukh : un film d'Amit Dutta (2010)




Nainsukh fut le plus grand peintre indien du XVIIIe siècle, mais il est aussi le premier artiste indien dont la biographie ait été filmée. Fasciné par le style pictural naturaliste des cours mogholes, il se détourna peu à peu du style traditionnel de sa famille, pratiqué par son père, le célèbre Pandit Seu, et son frère Manaku. A l’âge de 30 ans, il fut invité au château de Jasrota où il travaillera comme peintre pour Raja Balwant Singh. Dorénavant, Nainsukh documentera dans ses œuvres les événements de la vie du prince, qu’il s’agisse de moments intimes de sa vie quotidienne ou de soirées officielles agrémentées de musique, de danse et de théâtre.
En étroite collaboration avec Eberhard Fischer, spécialiste de la peinture indienne, le jeune metteur en scène indien Amit Dutta a su créer un monde visuel authentique et percutant. Les images de Nainsukh ont été reconstituées jusque dans leurs moindres détails sur les lieux originaux du Nord de l’Inde. Ainsi le spectateur a-t-il l’impression de participer directement à la vie et à l’œuvre de ce grand artiste.

Source : Communiqué de presse du musée de Zurich

samedi 22 juin 2013

Nainsukh de Guler : Un miniaturiste d'atmosphère

Le rajah Balwant Singh sur la terrasse de son palais, Nainsukh de Guler, vers 1750


Le rajah Balwant Singh de Jasrota, minuscule, seul, debout sur la terrasse de son imposant palais de marbre blanc, regarde par une nuit d'encre bleue les gros nuages menaçants de la mousson s'amonceler dans le ciel. On entend le tonnerre gronder. L'orage va éclater. Une pluie diluvienne va s'abattre. Deux oiseaux, d'une blancheur lumineuse dans l'obscurité, s'éloignent à tire-d'ailes.
Tout le talent de Nainsukh de Guler éclate de façon magistrale dans cette miniature peu conventionnelle, atypique, novatrice. Ici, point de festival de petites touches de couleurs vives, brillantes, gemmées, comme on peut avoir l'habitude d'en voir dans les miniatures mais de larges aplats de teintes douces, délicates, tendres. Point non plus de scènes d'action ou de délassement dans des jardins paradisiaques mais un paysage nocturne créant une tension sourde dans l'esprit du spectateur par les sentiments de solitude, de silence, d'isolement et d'appréhension qu'il dégage. Toute l’œuvre est composée dans le but de nous révéler l'état psychologique du personnage. Nainsukh fut avant tout un peintre d'atmosphère, un observateur attentif des moments intimes, un interprète des remous de l'âme humaine.
Comme dans cette autre miniature ci-dessous :

Jeune femme courant à la rencontre de son amant, Nainsukh, vers 1750

Une femme, seule dans une nuit pluvieuse balafrée de lézardes lumineuses, s'aventure dans une campagne infestée de dangers à la rencontre de son amant. Dans sa course, son bracelet de cheville doré s'est détaché de son pied. Sur la droite, deux arbres majestueux, se tiennent enlacés amoureusement. On remarquera le geste attendrissant du grand arbre posant une branche protectrice autour du tronc du plus petit.
Nainsukh, se démarqua de la peinture moghole et pahari (sa région natale), en créant des paysages profondément originaux, à mi-chemin entre réalisme et imagination. Tous ses paysages sont imprégnés d'un onirisme diffus qui contribue à conférer à ses miniatures une atmosphère de songe. Le professeur Goswamy, historien d'art, explique : "La peinture pahari était davantage tournée vers la mythologie. La palette des couleurs était riche mais n'explorait pas le décor de fond. Aussi, les peintures ne possédaient aucune profondeur de champ. Un paysage entièrement imaginaire était créé de toutes pièces. Le naturalisme des miniatures mogholes attira l'attention de Nainsukh. Il combina les deux tendances, naturaliste et imaginaire, pour créer un style entièrement personnel. Il élabora des paysages proches de la réalité, comme ces étendues de collines ondoyantes typiques de la région de Pahari mais leur insuffla une certaine dose de fantaisie, ce qui contribua à faire d'eux des espaces empreints d'une grande poésie."

Le raja Balwant Singh entouré de musiciens jouant un raga (mode musical approprié à une humeur ou un instant particulier), Nainsukh de Guler, vers 1750

Le miniaturiste Nainsukh naquit au début du XVIIIe siècle à Guler, une petite ville tranquille située dans la douce région vallonnée de Pahari au pied de l'Himalaya. Issu d'une famille d'artistes renommés, Nainsukh en grandissant développa un langage pictural personnel caractérisé par des tons doux et pastels. La carrière artistique de Nainsukh est étroitement liée à sa rencontre avec le rajah Balwant Singh de Jasrota qui lui offrit sa protection et fut un mécène averti en art bien que disposant de moyens modestes. Une complicité et une camaraderie étroites semblent avoir lié les deux hommes tout au long de leur vie. Nainsukh fit de son maître son sujet de prédilection et le représenta dans ses activités tant officielles que privées.  Le registre des thèmes traités par Nainsukh nous étonne par son étendue. Il peignit tout aussi bien la vie à la cour du Rajah que celle des villageois occupés à leurs travaux rustiques, en passant par des compositions que l'on pourrait qualifier de fantastiques tant on s'interroge sur le caractère énigmatique de certaines scènes qui semblent inspirées de récits mythologiques ou du folklore pahari. Toute l’œuvre de Nainsukh porte la trace d'un humanisme profond, d'un regard bienveillant qu'il posa sur le genre humain et son quotidien avec un sens de l'observation des plus aigus.

Le rajah Miyan Mukun Deh en déplacement avec sa suite, Nainsukh, vers 1750
    
Le souverain moghol Muhammad Shah regardant un combat d'éléphants, Nainsukh de Guler, vers 1760
 
Krishna tue le serpent Aghasura, Nainsukh de Guler, vers 1750
Joueurs de trompettes, Nainsukh, vers 1750, MET Museum


vendredi 21 juin 2013

La "saveur" des miniatures persanes

Combat de lutteurs, début XVIIe siècle, Ispahan ou Baghbad (Ouzbékistan)


"Etant donné que la peinture iranienne ne connaît pratiquement pas de rivale dans le monde pour la pureté et l'intensité de ses couleurs, les apprentis devaient aussi découvrir les propriétés de chaque teinte, à la fois prise à part et en conjonction avec les autres ; en effet, dans les miniatures iraniennes, la palette ne se borne pas à former un "accord" visuel comme un bouquet de notes de musique : elle peut être "savourée" par fragments. Le plaisir est grand, par exemple, de regarder une miniature rien que pour le dessin des bleus, des rouges et des blancs tout seuls."

Source : Peinture iranienne, S. C. Welch, Chêne


dimanche 16 juin 2013

Chaybani Khan : Une victoire élégante

Portrait de Chaybani Khan, oeuvre attribuée à Behzad, vers 1500


A votre avis, le personnage représenté ci-dessus, entouré de tous les outils indispensables à l'écriture (encre, calame, règle...), est un calligraphe ? un peintre ? un scribe ? Aucun des trois. C'est un Seigneur de la guerre : Chaybani Khan (mort en 1510). Il vient tout juste de conquérir la brillante Hérat après avoir placé sous son joug la Transoxiane et sa splendide capitale Samarkande. Bien qu'ayant passé la plus grande partie de sa vie à cheval, à guerroyer par monts et vaux, Chaybani Khan est un amoureux des arts et des lettres, lui-même poète à ses rares heures perdues. Au lieu de se représenter en conquérant, chevauchant un fier destrier, ou paré de tous les attributs du pouvoir, il a choisi de se faire illustrer entouré des instruments de calligraphie afin de transmettre à la population l'image d'un homme simple, amoureux et protecteur des arts, de la science et de la culture. Seul le mouchoir, insigne de souveraineté en Perse, assorti à son caftan et qu'il tient dans sa main gauche, vient de manière discrète indiquer son statut de souverain. Par cette image avenante, paisible et décalée pour un vainqueur, le nouvel homme fort de Hérat veut rassurer la population cultivée et raffinée de la ville. Bien que d'origine turque, il n'est pas le barbare des steppes que l'on pourrait s'imaginer. Que les bonnes gens se rassurent, il veillera comme ses prédécesseurs, à la prospérité de la ville et maintiendra son statut de centre intellectuel de la région.
Le portrait est attribué à Behzad comme le mentionne la belle calligraphie dorée insérée dans deux cartouches aux arabesques fleuries. Le fond de l'image composé de larges aplats de couleurs vives contribue à rehausser la présence imposante du personnage. Bien que n'étant pas sur un trône, mais accoudé à un énorme coussin noir, Chaybani Khan possède néanmoins une majesté toute royale. On remarquera le réalisme des traits au niveau du visage. C'est bien un portrait réel que nous avons en face de nous, exemple particulièrement rare pour l'époque dans la miniature. C'est à Behzad que l'on attribue l'introduction du réalisme dans la peinture persane. Il faudra pourtant attendre le XVIIe siècle pour que le portrait, sous l'influence occidentale, connaisse son plein développement à la cour des Grands Moghols en Inde.

samedi 15 juin 2013

La calotte rouge du chiisme

Le vizir Buzurghmihr initiant le roi Khusraw aux échecs, manuscrit du Shah Name de Shah Tahmasp, XVIe siècle


Dans nombre de miniatures, nous voyons des personnages portant d'élégants turbans fichés d'un bâton rouge ou noir. Ce couvre-chef devint à la mode à l'époque de Shah Tahmasp. Il indique l'appartenance de l'individu au chiisme, ce courant de l'Islam qui considère que le Prophète a désigné Ali comme son successeur à la tête de la communauté musulmane. La symbolique des couleurs rouge ou noire, renvoie au martyr de l'Imam Hussain qui fut massacré avec ses compagnons à Kerbala en 680 par les troupes omeyyades du calife al-Yazid. Ce n'est qu'avec l'accession en 1501 de Shah Ismaël sur le trône d'Iran que le chiisme deviendra la religion officielle de l'Etat. Le nouveau souverain, par une politique de prosélytisme violent, parviendra à faire basculer les persans, majoritairement sunnites jusqu'à là, du côté chiite. Suivant l'exemple de Shah Ismaël, de nombreux artistes, tel le grand Behzad, se convertiront au chiisme.

Khosrow et Shirin dans un jardin, XVIe siècle

vendredi 14 juin 2013

Les secrets de l'Inde au temps du Taj Mahal

Jean-Michel Billioud, Les secrets de l'Inde au temps du Taj Mahal, Bayard



Sindbad PUZZLE a aimé ce livre pour enfants qui nous entraîne au coeur de l'Inde des Grands Moghols. Ecrit dans un langage simple et clair, le livre nous offre une vue panoramique sur l'histoire, les arts et la société indiennes durant l'époque moghole. L'auteur s'attarde plus particulièrement sur le règne de Shah Jehan, le grand bâtisseur du Taj Mahal, cette merveille architecturale qui témoigne de l'amour d'un homme pour sa bien-aimée disparue mais aussi de la richesse de toute une civilisation fondée par les descendants de Gengis Khan sur le continent indien.
L'extrait ci-dessous nous décrit la première rencontre du prince Khurram, le futur Shah Jehan, avec son épouse adorée Mumtaz Mahal :

"Coup de foudre au palais

Chaque année, un grand bazar se tient dans le palais impérial de Jehangir. Ce jour-là, les femmes et les filles des princes et des hauts dignitaires prennent la place des commerçants pour quelques heures. Comme dans un carnaval, les riches remplacent les pauvres, et les plus misérables, les grands seigneurs.
Alors que la fête bat son plein, le prince héritier découvre la ravissante Arjumand Bânu Begam derrière un étalage de soieries et verroteries. Âgée de 15 ans, elle est la fille d'un haut dignitaire de la cour. 
Séduit par cette jolie marchande, le prince lui demande le prix de l'un de ses bijoux. Malicieusement, la jeune fille prétend alors que même un prince ne peut l'acheter. Vexé, le fils de l'empereur tend la somme astronomique exigée avant de la quitter. Il ne l'oubliera pas.
Dès le lendemain, Shah Jehan aurait demandé à son père, l'empereur Jehangir, la permission de l'épouser. Le jeune prince devra patienter cinq ans avant de se marier. La cérémonie a lieu le 27 mars 1612, une date fixée par l'astrologue de la cour."

Source : Les secrets de l'Inde au temps du Taj Mahal, Jean-Michel Billioud, Bayard

samedi 1 juin 2013

Faizallah : Un palais sur la terrasse

Complexe palatial avec jardins d'un harem, Faizallah, Lucknow, vers 1765, The David Collection
45,5 X 31,8 cm.


Il y a deux ans de cela, une magnifique exposition s'était tenue au musée Guimet sur la ville de Lucknow, dans l'état d'Awadh, du XVIIe au XIXe siècle. A cette époque, la magnificence de la cour de Lucknow égalait voire surpassait en faste et en raffinement celle des souverains moghols.
Après le sac de Delhi en 1739 par le persan Nadir Shah, la cour moghole entra dans une phase de déclin qui profita aux différentes régions de l'Inde. Elles en profitèrent pour renforcer leur puissance et devinrent de véritables états indépendants reliés au pouvoir central par une simple allégeance nominale envers le souverain. De nombreux artistes, en quête de nouveaux mécènes, quittèrent la capitale moghole pour s'installer à Hyderabad, Kishangar ou Lucknow. Parmi eux : Faizallah. Les chercheurs jusqu'à présent ne lui ont pas rendu suffisamment justice, l'artiste n'est encore que rarement ou trop brièvement cité dans les livres d'art. Pourtant, le peintre mériterait une meilleure reconnaissance, comme nous en témoigne la miniature ci-dessus où le talent de l'artiste se déploie avec brio. L'oeuvre possède une richesse iconographique époustouflante. Une multitude de détails recouvrent la composition qui s'étale en longueur avec des lignes verticales qui créent un champ de profondeur. Le regard est dirigé de l'espace fermé du harem vers les collines ondoyantes situées de l'autre côté du fleuve. Les représentations animées de l'arrière-plan où l'on voit des scènes de la vie quotidienne, des processions princières, des défilés militaires, des laquais s'affairant à leurs obligations, créent un contraste saisissant avec celles de l'avant-plan où les femmes du harem vivent dans l'oisiveté et les agréments d'une vie hédoniste. C'est à Faizallah que l'on doit une évolution étonnante dans l'illustration des terrasses palatiales. De simples surfaces planes délimitées par des barrières à l'origine, les esplanades prendront avec Faizallah la forme de véritables palais édifiés par un agencement complexe de pavillons superposés. De vastes jardins symétriques, comprenant des parterres fleuris, des fontaines, des plans d'eau, des arbres fruitiers et des oiseaux exotiques, viendront structurer et ordonner l'ensemble selon un plan géométrique. Le palais, les belvédères ainsi que le domaine du prince deviennent des lieux symboliques d'un séjour édénique où, grâce à la gouvernance éclairée du sultan, la prospérité règne et les sujets accomplissent, de bonne grâce, les devoirs inhérents à leurs statuts sociaux. 


Princesse réticente emmenée de force devant un prince impatient, Faizallah, vers 1760, British Library