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dimanche 16 juin 2013

Chaybani Khan : Une victoire élégante

Portrait de Chaybani Khan, oeuvre attribuée à Behzad, vers 1500


A votre avis, le personnage représenté ci-dessus, entouré de tous les outils indispensables à l'écriture (encre, calame, règle...), est un calligraphe ? un peintre ? un scribe ? Aucun des trois. C'est un Seigneur de la guerre : Chaybani Khan (mort en 1510). Il vient tout juste de conquérir la brillante Hérat après avoir placé sous son joug la Transoxiane et sa splendide capitale Samarkande. Bien qu'ayant passé la plus grande partie de sa vie à cheval, à guerroyer par monts et vaux, Chaybani Khan est un amoureux des arts et des lettres, lui-même poète à ses rares heures perdues. Au lieu de se représenter en conquérant, chevauchant un fier destrier, ou paré de tous les attributs du pouvoir, il a choisi de se faire illustrer entouré des instruments de calligraphie afin de transmettre à la population l'image d'un homme simple, amoureux et protecteur des arts, de la science et de la culture. Seul le mouchoir, insigne de souveraineté en Perse, assorti à son caftan et qu'il tient dans sa main gauche, vient de manière discrète indiquer son statut de souverain. Par cette image avenante, paisible et décalée pour un vainqueur, le nouvel homme fort de Hérat veut rassurer la population cultivée et raffinée de la ville. Bien que d'origine turque, il n'est pas le barbare des steppes que l'on pourrait s'imaginer. Que les bonnes gens se rassurent, il veillera comme ses prédécesseurs, à la prospérité de la ville et maintiendra son statut de centre intellectuel de la région.
Le portrait est attribué à Behzad comme le mentionne la belle calligraphie dorée insérée dans deux cartouches aux arabesques fleuries. Le fond de l'image composé de larges aplats de couleurs vives contribue à rehausser la présence imposante du personnage. Bien que n'étant pas sur un trône, mais accoudé à un énorme coussin noir, Chaybani Khan possède néanmoins une majesté toute royale. On remarquera le réalisme des traits au niveau du visage. C'est bien un portrait réel que nous avons en face de nous, exemple particulièrement rare pour l'époque dans la miniature. C'est à Behzad que l'on attribue l'introduction du réalisme dans la peinture persane. Il faudra pourtant attendre le XVIIe siècle pour que le portrait, sous l'influence occidentale, connaisse son plein développement à la cour des Grands Moghols en Inde.

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