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samedi 20 octobre 2012

Bani Thani et l'école de Kishangarh

Bani Thani, Nihal Chand, Ecole de Kishangarh, XVIIIe siècle


Bani Thani, la Joconde indienne. C'est ainsi que le portrait réalisé par l'artiste Nihal Chand est généralement présenté. Comme si on avait toujours besoin pour affirmer le caractère exceptionnel d'une oeuvre d'art étrangère de la relier à un référentiel occidental. On a déjà vu le cas avec M.F. Hussain surnommé le Picasso indien. Passons. Si ça peut aider. Pourtant, aucune ressemblance entre Mona Lisa et Bani Thani. Peut-être a t-on voulu, en établissant cette comparaison, signifier la célébrité exceptionnelle de cette oeuvre dans tout le sous-continent indien au même titre que celle de la Joconde en Europe. En ce cas, la comparaison est valable.
Avec l'arrivée au pouvoir en 1658 du très sourcilleux et bigot Aurengzeb, les artistes comprirent que leurs jours étaient comptés. Nombre d'entre eux quittèrent la cour moghole pour chercher refuge dans les sultanats et les fiefs de provinces en quête de nouveaux mécènes. C'est ainsi que de nombreuses écoles d'art fleurirent un peu partout en Inde, particulièrement au Rajasthan qui vit éclore un art de la miniature tout à fait exquis. Mais parmi toutes ces écoles d'art du Rajasthan, l'une des plus originales est certainement celle qui s'épanouit à Kishangarh, au XVIIIe siècle, sous le patronage de son Maharadjah Sawant Sing, tout à la fois esthète et poète. Le souverain tomba éperdument amoureux d'une jeune poétesse, danseuse et musicienne de cour à la beauté envoûtante surnommée Bani Thani, la Dame Élégante. Il demanda au meilleur artiste de sa cour, Nihal Chand, de peindre le portrait de sa maîtresse. Celui-ci réalisa l'un des plus fameux, peut-être même l'un des plus beaux portraits de l'histoire indienne en peignant Bani Thani avec un trait tout à fait nouveau et décalé qui va devenir le style distinctif de l'école de Kishangarh.
Regardons le portrait de Bani Thani. Ce qui frappe de prime abord, c'est le dessin de l'oeil en amande, exagéremment étiré vers le haut, quasiment jusqu'aux tempes. Le visage est représenté avec une grande finesse de traits, le nez est aquilin, le menton pointu, les lèvres fines, le sourcil forme un arc gracieux. La belle est parée de nombreux bijoux et porte un ravissant voile transparent brodé de motifs cruciformes qu'elle tient élégamment avec sa main droite. Dans sa main gauche, deux fleurs aux tons délicats introduisent une touche de nature dans la composition. La palette des couleurs est éclatante avec de très légères touches d'ombre au niveau du visage. Les artistes utilisaient essentiellement des pigments végétaux et minéraux. Leur oeuvre, une fois achevée, était polie avec une bille d'agate afin de fixer les couleurs et leur conférer un aspect émaillé.
Nihal Chand trouva dans la passion amoureuse de Sawant Singh pour Bani Thani sa meilleure source d'inspiration. Son maître étant un fervent dévot de Krishna, il réalisa maintes compositions mettant en scène les amants divins Krishna et Radha sous les traits de Sawant Singh et Bani Thani. Le souverain, lui-même fin lettré, écrivit sous le nom de Nagari Das des poèmes en l'honneur de Krishna et de l'élue de son coeur. On imagine la ferveur artistique qui devait régner à la cour de Kishingarh. Mais hélas, elle se fit au détriment des affaires de l'état. En 1757, le Maharadja tout entier à sa passion amoureuse et aux arts, devint incapable d'assumer les charges liées à sa fonction. Il dût abdiquer en faveur de son frère et quitter son royaume en compagnie de sa bien-aimée. Les amants se retirèrent à Vrindavan, sur les lieux mêmes de la naissance de Krishna. Ensuite, nous perdons toute trace du couple. Espérons que, comme dans les contes, ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants.


Sawant Singh et Bani Thani représentés sous les traits de Krishna et Radha

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