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jeudi 8 novembre 2012

Nezâmi : Assassinat de Khosrow


Assassinat de Khusrow par son fils Shiruyé, Ispahan, XVIIe siècle

Après bien des péripéties, les amants Khosrow et Shirin sont enfin réunis. Mais le bonheur sera hélas de courte durée. Chirouyé, fils de Khosrow, né de son premier mariage, s'éprend de la belle Arménienne et décide de tuer son père afin de pouvoir la lui ravir. Voici l'extrait du roman nous relatant cet épisode tragique. Le roi frappé au coeur à mort, son sang inondant la couche conjugale, s'éteint sans bruit afin de ne pas troubler le sommeil de sa tendre épouse.


"Nuit sombre, enlevant à la lune sa clarté, et fourvoyant le ciel, comme ferait un ogre ; le monde était, avec ses milliers de bras, impuissant ; et le ciel, aveuglé par la nuit, alors qu'il a des yeux par centaine de mille. [...]
Elle tenait propos excitant la tendresse, au murmure desquels on s'endort doucement. A chaque mot, sa bouche était emplie de miel ; elle tendait l'oreille aux réponses du roi ; lorsqu'il répondit moins et s'endormit enfin, Chîrîn fut envahie aussi par le sommeil ; ces deux charmants époux s'étaient donc endormis ; mais du ciel éveillé l'oeil devint éhonté. Le monde voulait dire : "Un crime horrible est proche " ; mais la noirceur du ciel avait cloué ses lèvres. Un homme qui avait figure de démon, qui en son naturel n'avait nulle tendresse, entra par la fenêtre ; il semblait un boucher furieux, sanguinaire ; ou semblable au soldat lanceur de feu grégeois, il paraissait jeter du feu de ses moustaches. En voleur, il sauta sur les objets précieux ; ensuite il s'élança vers la couche du roi. Le glaive au poing, il vint au chevet de Parvîz [Khosrow] ; il déchira son coeur, éteignit la lumière ; la pointe de son glaive avait frappé si fort que le sang jaillit comme un éclair d'un nuage ; puis ayant séparé la lune du soleil, il s'élança par la fenêtre comme un aigle. Le roi, ayant été frappé en plein sommeil, ouvrit l'oeil et il vit qu'on l'avait mis à mort. Un déluge de sang s'épandait sur sa couche ; et son coeur faiblissait tant il mourait de soif. Il se dit : "Chîrîn dort, paisible, mais je vais l'éveiller car je veux quelque liquide à boire". Mais ensuite il se dit : "Cette tendre compagne n'a point pu fermer l'oeil durant nombre de nuit ; elle verra sur moi détresse et injustice, et ne dormira plus, criant et se plaignant ; ce qui vaut mieux est donc que je ne souffle mot et que je meure alors qu'elle est en plein sommeil". Ainsi donc le loyal époux, dans l'amertume, rendit l'âme - et cela sans éveiller Chîrîn. [...]
Du corps du roi le sang coula comme eau, si fort que de son doux sommeil sortit l'oeil de Chîrîn. Les autres nuits, alors que le bonheur l'aidait, les sons de la flûte et du clairon l'éveillaient. Voyez comme le ciel la glaça cette fois qu'elle fut réveillée par le sang chaud du roi !"

Source : Chosroès et Chîrîn, Nezâmi, trad. H. Massé, Maisonneuve & Larose

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