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mercredi 9 janvier 2013

Abd al-Samad : le Calame délicat



Un prince visite un ermite, Abd al-Samad, fin XVIe siècle, Inde moghole


Parcours admirable que celui d'Abd al-Samad qui après avoir exercé ses talents d’artiste-peintre à la cour du séfévide Shah Tahmasp à Tabriz les mit au service des souverains de l'Inde, Humayoun et Akbar, pour briguer ensuite les plus hautes fonctions dans l’administration moghole.
Il naquit à Chiraz, la patrie du poète Hafez, vers 1510. On ne sait rien de son enfance, ni de sa jeunesse. Il aurait intégré relativement jeune l’atelier de Shah Tahmasp (r. 1524-76) en débutant en tant que calligraphe. D'illustres miniaturistes, tels Behzad ou Soltan Mohammad, y exerçaient alors leurs talents en réalisant les plus splendides peintures du Shah Name ou du Khamseh de Nezami que l'on n'ait jamais conçus dans l'histoire. C'est en compagnie de ces artistes exceptionnels que Abd al-Samad se formera aux arts du livre.
C’est également à la cour séfévide que le peintre va se lier avec Humayoun qui s’y était réfugié après avoir été chassé de Delhi par le prince afghan Sher Shah. Le Moghol, grand amateur d'art, tirera parti de son exil pour s'attacher les services de quelques uns des plus éminents miniaturistes persans dont Mir Sayyid Ali. Les deux artistes vont suivre le monarque à Kaboul, où il avait installé sa cour provisoire, puis à Delhi après la reconquête de son trône perdu. Un an après son arrivée en Inde Humayoun décédera d'une chute accidentelle dans sa bibliothèque et sera succédé par son fils Akbar, encore adolescent.
Akbar fut sans conteste le souverain le plus prestigieux, brillant et énergique de toute la dynastie moghole. Bien que guerrier redoutable, il fut toute sa vie assoiffé de connaissances, se passionnant pour les sciences religieuses et les arts. Il élèvera Abd al-Samad, ou sans doute l'avait-il déjà été par son père, au rang de tuteur personnel en dessin et peinture, et lui décernera le titre honorifique de Shirin Qalam ou Calame délicat, en raison de sa palette de couleurs tout en nuances. Il lui confiera, ainsi qu'à Mir Sayyid Ali, la direction des ateliers royaux avec pour mission la réalisation d'un livre monumental relatant les exploits héroïques et légendaires de Hamza, l'oncle du Prophète. La composition de cet ouvrage s'étalera sur une quinzaine d'année. Il comprendra quelque quatorze volumes, chacun illustré par au moins une centaine de peintures, toutes d'un format exceptionnel (environ 75 X 60 cm) et exécutées sur des morceaux de tissus collés sur du papier cartonné portant au dos le récit des scènes s'y rapportant. Pour mener à bien l'exécution de ce Hamza Nama, les deux directeurs vont recruter des peintres et artisans à travers toute l'Inde. L'apport de ces artistes régionaux, appuyé sur le substrat persan et combiné avec les influences européennes emmenées par les portugais, conduiront à la naissance d'un art pictural typiquement moghol avec une identité visuelle reconnaissable au premier coup d'oeil. Mir Sayyid Ali démissionnera de son poste pour partir en pèlerinage laissant Abd al-Samad seul à la tête du projet. Le peintre s'acquittera de sa mission avec un professionnalisme remarquable qui démontrera ses capacités d'organisateur et de gestionnaire. A l'issue de sa mission, Akbar le nommera à la tête de l'administration de la Monnaie puis plus tard lui confiera le gouvernement de la ville de Multan. En dépit de ces nominations administratives, Abd al-Samad continuera toute sa vie à exercer son art de peintre. Même à l'âge canonique de quatre-vingt-cinq ans, il sera encore en mesure de donner une leçon de peinture et de vie émouvantes à son fils en réalisant  pour son anniversaire une miniature reprenant une œuvre célèbre de Behzad. Il collaborera activement à la composition d'un autre manuscrit d'envergure consignant la vie et le règne du souverain, l’Akbar Nama. L'artiste s'éteindra durant les dernières années du XVIe siècle, quasiment centenaire.
Abd al-Samad a joué un rôle fondamental dans l'émergence,  la construction et la définition d’un art du livre qui soit le reflet de cet esprit tolérant, syncrétiste, ouvert que les Moghols au cours de leur règne manifestèrent envers toutes les communautés confessionnelles au sein de l'empire.  On lui doit également la formation, au sein de l'atelier royal, d’un certain nombre d'artistes, tel Basawan, qui porteront l'art de la miniature à son sommet en Inde.

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