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mardi 22 janvier 2013

Amrita Sher-Gil : Icône de l'art indien



Bramachari



Amrita Sher-Gil est une figure iconique de l'art indien. Elle fait partie de ces artistes, au talent insolent, qui en quelques années parviennent au sommet de leur créativité, puis disparaissent emportés par une mort brutale qui les fait entrer directement dans la légende.
Belle, douée, excentrique, elle scandalisa la société anglaise guindée de Simla par sa vie émancipée, ses frasques amoureuses, sa bisexualité, son attachement à peindre le petit peuple de l'Inde. Même sa mort prématurée, à l'âge de 28 ans, est entourée d'une odeur sulfureuse : elle aurait perdu la vie des suites d'un avortement bâclé réalisé pour camoufler une grossesse illégitime.

Amrita Sher-Gil naquit à Budapest en 1913, d'un père aristocrate sikh et d'une mère hongroise. Elle partagera son enfance et son adolescence entre l'Inde et les capitales européennes où grâce à sa mère, cantatrice, elle fréquentera les milieux artistiques. Elle fera ses études supérieures aux Beaux-Arts de Paris, mènera une vie de bohème et s'enthousiasmera pour le fauvisme. Elle éprouvera une fascination particulière pour Gauguin, dont on retrouvera dans son œuvre à venir ces larges aplats de couleurs vives caractéristiques des tableaux peints par le grand artiste en Polynésie.
Après son cursus, Amrita, âgé de 21 ans, s'installera définitivement en Inde où elle sent que l'attend sa vocation de peintre. Elle sillonnera intensivement le pays de long en large pour s'imprégner de son passé artistique et découvrira, bouleversée, les fresques d'Ajanta et de Cochin. Elle observera avec une attention particulière la population et décrira l'Inde comme  un pays "plein de corps sombres, de visages tristes, d'hommes à la maigreur effrayante et de femmes se déplaçant silencieusement comme de vagues silhouettes." Elle se fera un devoir de chercher "à interpréter la vie des indiens, particulièrement des plus pauvres et de reproduire sur ses toiles ces incarnations d'une soumission et d'une patience infinies."

A son retour à Simla, Amrita va se jeter à corps perdu dans la peinture et dans les mondanités, brûlant sa vie par les deux bouts. Elle va recouvrir ses toiles de tous ces personnages croisés au fil de ses pérégrinations : paysans, conteurs, ménestrels, diseurs de bonne aventure, vagabonds, chameliers, religieux qu'elle croquera dans des scènes rurales, villageoises ou domestiques. En quelques années, elle va réaliser une quantité impressionnante de tableaux, enrichir son tableau de chasse de conquêtes masculines - on prétendait qu'elle recevait jusqu'à trois ou quatre amants par jour à son domicile à intervalle de toutes les deux heures - , se marier avec un cousin de Hongrie contre l'approbation de ses parents, devenir une habituée des fêtes somptueuses données par la jet-set de Simla...
Dans le nombre phénoménal de tableaux exécutés par l'artiste, force est de constater que certains nous laissent une impression de précipitation et d’inachevé. Mais dans ses meilleures peintures, Amrita laisse éclater sa palette unique de couleurs, avec notamment ce rouge-ocre saturé ou ce blanc fascinant, qui combinés à une composition aux formes dépouillées et tournées vers l'abstraction, donnent naissance aux premières œuvres modernes de l'histoire artistique indienne. Et, on n'hésite pas à parler de chefs-d’œuvre pour ces admirables toiles que sont Brahmachari, Toilette de la mariée ou  Femme couchée sur un charpoy dont les scènes représentées, aussi anodines soient-elles, atteignent une telle puissance d'évocation par l'aura de mystère et de charme envoûtant qui s’en dégage, qu'elles transcendent leur banalité pour se hisser au niveau de drames et de tragédies antiques. Comme Gauguin, Amrita employait les couleurs non pour représenter  la réalité mais comme les expressions  visuelles de la charge émotionnelle contenue dans les personnages ou celle dégagée par les lieux.

L'oeuvre de Amrita Sher-Gil a été décrétée "trésor national" par le gouvernement indien dans les années 70 avec interdiction de vendre ses tableaux à l'étranger. Cet honneur a paradoxalement conduit à un effacement d'Amrita Sher-Gil de la scène artistique, ses œuvres échappant à toute velléité spéculative sur le marché de l’art international. Depuis peu, les choses changent avec l’émergence de toute une classe de nouveaux riches en Inde investissant dans l’art contemporain. En 2006, le tableau "Scène de village" fut vendu aux enchères à un  prix record de 1,6 million de dollars, une somme jamais atteinte pour aucune autre toile d'un artiste indien. Cette vente contribua à tourner à nouveau les projecteurs sur Amrita. Une biographie, particulièrement détaillée, par l'historienne Y. Dalmia fut publiée durant la même année. L’auteur s’efforce de nous montrer à quel point, par delà son image glamour, Amrita fut une artiste engagée qui s’efforça constamment par son œuvre de réduire le fossé séparant la nouvelle classe indienne éduquée en Occident de l’immense majorité pauvre qui l’entourait.
Dans cet engagement envers le peuple indien, il faut sans doute voir un sentiment de reconnaissance que Amrita devait éprouver envers le pays qui fut à la base de l’épanouissement de son art, comme elle l'écrivit dans une de ses lettres : « Dès que j’ai posé mon pied sur le sol indien, ma peinture a subi un changement non seulement dans les sujets traités et l’esprit mais également dans la technique. » Amrita Sher-Gil mourut en 1941 à Lahore.

Groupe de village, 1938
Toilette de la mariée, 1937

Femmes des montagnes, 1935
Chameaux, 1935


Trois filles, 1937
Le vieux conteur
Villageois du sud de l'Inde allant au marché, 1937


Femme sur un charpoy

Autoportrait en tahitienne, 1934


Amrita Sher-Gil

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