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samedi 5 janvier 2013

Dieu est beau et aime la beauté


Khosrow aperçoit Shirin au bain, XVIIe siècle, Ispahan. Les mystiques, tels Rûmî, Attar ou Ibn Arabi, voyaient en la femme le reflet par excellence de la beauté divine sur terre.


Djamil comme nom divin, n'a pas de référence coranique, mais bénéficie de la caution d'un hadith que rapporte notamment Muslim, et qui dit : inna llâha djamilun yuhibbu l-djamal (Certes, Dieu est beau et aime la beauté). Nombre d'auteurs, en tout cas, l'admettent, et même parmi ceux qui, théoriquement, s'en tiennent à la liste [des noms divins ] de Walid (où ce nom ne figure pas), il en est qui éprouvent le besoin de le mentionner en association avec djalil : ainsi Qushayri et Ghazali.
Djamil veut dire ordinairement "beau", et se dira d'abord, concrètement, d'une chose belle à voir, qu'on éprouve du plaisir à regarder. Tel est, du reste, incontestablement, le sens du mot dans le hadith mentionné ci-dessus, le Prophète ayant répondu cela à propos du goût qu'ont les hommes pour les beaux vêtements et les belles chaussures : "Dieu Lui-même est beau, aurait-il dit, et Il aime la beauté." Cette idée d'une beauté de Dieu a eu certainement la faveur de certains milieux musulmans : du côté de l'anthropomorphisme naïf, mais aussi du côté de la mystique. Baghdadi ne manque pas de citer à cet égard cet autre hadith (qui, lui, n'a pas la caution des grands recueils sunnites), dont, dit-il, les "assimilationnistes" (mushabbiha) tirent argument, et qui fait dire au Prophète : ra'aaytu rabbi fi ahsani sûra. Ce que, spontanément, on comprend ainsi : "J'ai vu mon Seigneur sous sa plus belle apparence." Baghdadi fait également état, sur le même chapitre, de cette très intéressante secte d'extrémistes "immanentistes" (hululiyya) dont il parle plus en détail dans le Farq, et qu'il appelle hilmaniyya. Disciples d'un certain Abu Hilman ad-Dimashqi, ces gens avaient pour doctrine que, dans toute belle chose, Dieu était présent, et qu'il convenait donc de se prosterner devant elle. C'est pour cette raison - avait expliqué à Baghdadi un des membres de la secte - que Dieu avait ordonné aux gens de se prosterner devant Adam après qu'Il l'eut créé (cf. Cor. 15, 29), parce qu'Il l'avait fait beau, comme c'est dit au verset 95, 4 : "Nous avons créé l'homme dans la forme la plus belle."
Sans aller, certes, jusque-là, Ghazali, dans le Maqsad - où il résume, comme il le dit lui-même, un passage de l'Ihya - croit bien, lui aussi, à une véritable "beauté" de Dieu. Beauté, bien sûr, tout intellectuelle, mais est du même ordre que la beauté physique, en tant qu'elle se reconnaît à ce même sentiment de plaisir, de contentement, de joie qu'on éprouve à la contempler. Simplement, dans le cas de Dieu, le plaisir est infiniment plus grand, et rend insignifiant tout le reste. Comme Qushayri, Ghazali associe djamil à djalil ; c'est Son fait de posséder tous les attributs de la grandeur (sifat al-djalal) - à savoir la science, la puissance, l'autosuffisance, etc, - qui, pour Dieu, constitue Sa beauté aux yeux de l'intelligence qui Le contemple. Mais en même temps, Ghazali dit expressément que tout ce qu'il y a de beau et de parfait dans ce monde est, en quelque sorte, un reflet de la perfection divine : Dieu est par excellence la Beauté et la Vérité, qu'Il soit glorifié ! Et, toutes les choses qui relèvent de la beauté, de la perfection, de la splendeur, de la noblesse sur cette terre proviennent des lumières de Son Essence (anwâr dhâtihi) et sont des reflets, des signes de Ses attributs (âthâr sifâtihi)."

Source : Daniel Gimaret, Les noms divins en Islam, Cerf

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