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dimanche 23 septembre 2012

Hakim Sana'i : Panégyrique de Ali


Calligraphie représentant le nom de Ali répété quatre fois, Médersa de Tchahar Bagh, Ispahan


Hakim Sana'i (m. vers 1180) est le premier des trois grands auteurs persans de longs poèmes mystiques, les deux autres étant Attâr et Rûmi. Ce dernier exprima à plusieurs reprises dans son oeuvre son admiration pour le niveau d'élévation spirituelle atteint par Sana'i.
Soufisme et chiisme furent étroitement liés en Islam, au point qu'il est parfois difficile de dire si l'on est face à un soufi imprégné de chiisme ou un chiite influencé par le soufisme. La plupart des confréries soufies font d'ailleurs remonter la lignée de leurs maîtres spirituels à Ali lui-même.
Dans l'extait ci-dessous, on pourrait sans peine affilier Sana'i à l'ismaélisme tant le vocabulaire, les arguments et les images employés par le poète sont familiers à ceux que l'on trouve dans les oeuvres d'auteurs ismaéliens tels Shirazi, Nasir Khusraw ou Nasir al-Din Tûsî.


"Toi qui te trouve retenu dans la mer de l'égarement, il faut du moins que tu écoutes une parole de ton frère : la mer est couverte de nefs, mais elles sont emportées toutes dans le tourbillon de la crainte ; à défaut d'arche de Noé, l'on ne peut espérer salut ; si donc tu désires sauver ton coeur et ta religion, jusqu'à quand resteras-tu sans pieds ni tête, comme un cercle ? Je te montre, pour te sauver, l'arche de Noé, pour que tu puisses t'y tenir en sûreté contre le mal. Va ! cherche la cité de la connaissance : tu t'y proméneras en paix ; jusqu'à quand oscilleras-tu, semblable à l'anneau d'une porte ? Puisque de la cité de la connaissance tu sais que Ali en est la porte [1], il ne serait pas bien de prendre un autre pour seigneur et maître. Comment donc serait-il licite d'établir dans la voie de Dieu, par astuce et ruse, le diable sur le siège du grand Qadi ? Que dire ? juges-tu qu'il est, le moins du monde, raisonnable de croire la terre plus noble que la pierre philosophale ? Bref, il ne me semble pas bien, selon ce que nous devons croire, de vénérer notre prophète en lésant les droits de Zahra (Fatima)[2]. Je veux bien être un infidèle si celui que tu dis émir, en lui subordonnant Ali, se montre tout au plus capable d'être le gardien des sandales de Qanbar, l'affranchi de Ali... Puisque Ali, tel Salomon, est au faîte de la grandeur, il serait mauvais que le diable mit sur sa tête la couronne. Lorsque le soleil dans le ciel répand des millions de lumières, Vénus aurait-elle l'audace de montrer sa brillante face ? Si tu veux que soit agréé ton amour autant que ta foi, il faut que tu aimes Ali autant que tu aimes la vie. Au jardin de la loi divine, il planta l'arbre de la foi ; il serait donc mal d'honorer un autre jardinier que lui. Du prophète, il nous est resté le Livre saint et sa lignée - souvenirs que l'on peut garder jusqu'au Jugement dernier. Mais après Muhammad l'Elu, l'on n'ose juger florissant que Ali, l'agréé de Dieu, dans l'univers de notre foi."

Anthologie persane, Henri Massé, Payot

[1] Sana'i fait référence à la parole du Prophète : "Je suis la cité de la connaissance et Ali en est la porte."
[2] Le poète fait allusion à la dépossession de son héritage dont fut victime Fatima, surnommée Zahra (la "Resplendissante"), à la mort de son père, le Prophète Muhammad, ainsi que de l'éviction du pouvoir des membres de la famille du Prophète.

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