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dimanche 9 septembre 2012

Madjnûn dans le désert


Madjnûn dans le désert, tiré d'un manuscrit du Khamseh de Nezâmi, XVIe, BnF 


Madnûn dans le désert
Nezâmi, Khamseh (5 poèmes)
Baghbâd (Turkménistan) et [Ispahan ? (Iran)], 1619-1624
36 X 24
BnF, Département des manuscrits orientaux

Laila et Madjûn est l'une des plus célèbres épopées romanesques dans le monde musulman. Elle  raconte l'histoire d'un amour malheureux qui aboutit à la mort des deux jeunes protagonistes. Inspirée d'une légende arabe, Nezâmi la reprit et lui insuffla une nouvelle ampleur épique. Elle figure dans son Khamseh, son célèbre recueil de cinq poèmes qui fut, à côté du Shahname de Ferdousi, une source d'inspiration majeure pour les miniaturistes. Madjnûn et Laila peut être considérée, sans doute à juste titre, comme le Roméo et Juliette de la littérature persane.
Les mystiques s'emparèrent très tôt de ce récit.  Ils virent en Madjûn (le "fou" d'amour) l'archétype de l'amant consumé de chagrin devant la douleur de la séparation et consacrant sa vie à retrouver sa bien-aimée. Les soufis enrichirent considérablement la littérature relative à ces deux amoureux en les mettant en scène dans d'innombrables anecdotes pour illustrer les mystères et la puissance de l'amour ou pour délivrer aux novices des conseils pratiques afin de les aider à progresser spirituellement sur la voie de l'annihilation en  Dieu (fana fi-Lâh).
Dans la miniature ci-dessus, Madjûn est représenté dans le désert tel un ascète. Il est entouré d'animaux sauvages qui se côtoient pacifiquement en dépit de leur défiance et de leur incompatibilité naturelles. Ils symbolisent la paix intérieure à laquelle aurait accédée Madjûn dans la solitude. Son visage est empli de sérénité et de douceur, un faon se tient se tient blotti dans ses bras. Madjnûn a réconcilié les contraires, le doux avec le fort, le sucré avec l'amer, la vie avec la mort. Ces éléments antogonistes sont évoqués par les deux arbres, étrangement semblables dans leur apparence, pourtant l'un en floraison et l'autre recouvert de son feuillage d'automne, qui encadrent la composition et inclinent l'un vers l'autre en un mouvement de réconciliation. Toute la nature dans cette peinture se veut le reflet de l'harmonie universelle réalisée par l'amant de Laila sur le plan spirituel.

Notice de la BnF :

"Lorsque son père donne un époux à Laylî, Majdnûn, fou de douleur se retire dans le désert, dans les collines et les vallées du Najd. Il y vit à demi-nu, squelettique au milieu des bêtes sauvages devenues familières. La jeune femme envoie un messager pour le supplier de ne pas se laisser mourir.
Une ligne oblique délimite la composition : à gauche un ciel doré sur lequel se détache un arbre aux tons délicats de vert et à droite une montagne mauve. Au premier plan, une prairie vert foncé est émaillée de buissons fleuris tandis qu’un ruisseau serpente au milieu des cailloux. Au centre, Madjnûn, représenté comme toujours, émacié et torse nu, le regard perdu, tient dans les bras une biche. Tout autour de lui, les animaux, antilopes, lions et leurs lionceaux, renards, lièvres et oiseaux sont traités avec une grande finesse de traits. Les deux arbres semblent les entourer de leur ramure. Leurs branches vertes et desséchées sont une métaphore de la vie et de la mort."

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