Le jardin d'Akbar, Mahesh, école moghole, tiré du livre du Diwan d'Anvari, 1588 |
Depuis l’époque de Babur, les Moghols furent de fervents
amoureux de la nature. Nombreuses sont les miniatures qui nous les dépeignent se
délassant dans un magnifique jardin ou supervisant son aménagement.
Au cours des siècles, les jardins moghols subirent des évolutions marquantes et chacun d'eux se présente à nous comme le reflet de la personnalité et des états-d'âme du souverain qui l'a commandité. On peut même y déceler sa conception de l'autorité royale. Ainsi, les parcs paysagers édifiés par Shah Jehan, comme celui du Taj Mahal, nous impressionnent par leur magnificence. Structurés selon un plan d’une géométrie rigoureuse, les différents espaces se répartissent de part et d'autre de larges perspectives qui se déploient comme des allées triomphales.
La miniature ci-dessus nous montre un jardin à l’époque
d’Akbar. Deux jardiniers à pied d’œuvre s’activent à son embellissement. L’œuvre
est attribuée à Mahesh, l’un des dix-sept peintres que compta l’atelier impérial. Il est le seul parmi eux à avoir reçu l'insigne honneur de voir son nom mentionné dans la grande biographie de l'empereur rédigée par l’historien
de cour Abu Fazl.
Le jardin d’Akbar nous étonne par son originalité. Il nous révèle
la personnalité chaleureuse du souverain et le syncrétisme culturel qu’il
pratiqua durant son règne. Arbres et fleurs se côtoient dans une joyeuse profusion
et mélange des genres. Aucun espace n’est clairement défini, même la symétrie, pourtant si prégnante dans l'art islamique, n’est
respectée. Le jardin nous donne l’impression d’être livré à la générosité
et au bon vouloir des lois naturelles. Mais on devine que derrière ce désordre
apparent, une volonté savante et réfléchie a dû guider la main des ouvriers. Ce
jardin exemplifie d’une certaine manière la politique habile, faite d’alliances
matrimoniales et d’ouverture œcuménique, qu’Akbar sut mettre en œuvre pour unifier sous son autorité, dans une coexistence pacifique, l’extraordinaire
mosaïque des peuples et des religions composant son empire.
La miniature comporte deux cartouches dans lesquelles les premiers vers d'un poème sont insérés. Ils nous invitent au bonheur et à pénétrer dans le délicieux jardin :
La miniature comporte deux cartouches dans lesquelles les premiers vers d'un poème sont insérés. Ils nous invitent au bonheur et à pénétrer dans le délicieux jardin :
C'est le jour du jardin, des réjouissances et de la joie
C'est le jour du marché de la rose et du basilic
La poussière s'est mélangée avec le musc et l'ambre
La robe du zéphyr répand mille parfums et senteurs.
Babur supervisant la construction d'un jardin |
Détail |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire