Retrouvez les chefs-d'oeuvre de la MINIATURE PERSANE et INDIENNE en PUZZLES sur le site : http://www.sindbad-puzzle.com/

Puzzles 1000 pièces disponibles sur www.sindbad-puzzle.com

mercredi 27 mars 2013

Sindbad PUZZLE au Festival de l'Inde au Mée sur Seine





Sindbad PUZZLE sera présent au Festival de l'Inde qui se tiendra le 6 et le 7 avril au Mée sur Seine à la salle de spectacle du Mas.

Plus grand salon thématique indien du territoire français dans son genre et sa durée, le salon "Festival de l'Inde " est une occasion unique de découvrir toutes les facettes de l'Inde, au travers de stands et expositions, ventes, conférences et spectacles sur scène.
Entrez dans un monde où l'imagination et la créativité côtoient le professionnalisme et les talents.
Pendant 2 jours, passionnés et amateurs de l'Inde se donnent rendez-vous au Mée-sur-Seine où déjà plus de 5000 visiteurs se sont pressés à chaque fois lors des salons 2003, 2005, 2007, 2009, 2011.

Le prochain salon qui en sera à sa 6ème édition se tiendra dans l'une des plus belles salles du Sud Seine-et-Marne, au Mée-sur-Seine, limitrophe de la ville de Melun le :

Samedi 6 avril 2013 et Dimanche 7 avril 2013

Salle du Mas
800 avenue de l'Europe
77 350 Le Mée-sur-Seine

ENTREE GRATUITE

Pour connaître le détail complet du programme des deux journées ainsi que le plan d'accès, cliquer ici

samedi 23 mars 2013

Orhan Pamuk : Mon nom est Rouge




4e de couverture :

Istanbul, en cet hiver 1591, est sous la neige. Mais un cadavre, le crâne fracassé, nous parle depuis le puits où il a été jeté. Il connaît son assassin, de même que les raisons du meurtre dont il a été victime : un complot contre l'Empire ottoman, sa culture, ses traditions et sa peinture. Car les miniaturistes de l'atelier du Sultan, dont il faisait partie, sont chargés d'illustrer un livre à la manière italienne...
Mon nom est Rouge, roman polyphonique et foisonnant, nous plonge dans l'univers fascinant de l'Empire ottoman de la fin du XVIe siècle, et nous tient en haleine jusqu'à la dernière page par un extraordinaire suspense. Une subtile réflexion sur la confrontation entre Occident et Orient sous-tend cette trame policière, elle-même doublée d'une intrigue amoureuse, dans un récit parfaitement maîtrisé. Un roman d'une force et d'une qualité rares.

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Mon nom est Rouge est un beau roman, au charme envoûtant, qui nous plonge au coeur d'une intrigue policière dont l'action se situe dans le milieu des miniaturistes à l'époque ottomane. On reste stupéfait devant l'érudition d'Orhan Pamuk et son interprétation pénétrante des usages, des codes et des conventions régissant l'art de la miniature. Le livre est parsemé d'histoires belles ou cruelles, à l'atmosphère orientale et merveilleuse. Chacune d'elles nous dévoile les subtilités de la peinture iranienne et nous aide à mieux comprendre, apprécier et aimer cet art aux couleurs lumineuses.

dimanche 17 mars 2013

Lal Ded : une femme mystique du Cachemire


Prince et femmes visitant une ascète la nuit, V&A Museum, Ecole moghole, XVIIIe siècle


Lal Ded ou Lalleshwari, est avec Mirabaï, l'une des plus grandes figures féminines de la mystique en Inde. Elle vécut au XIVe siècle dans la région du Cachemire et composa des poèmes appelés Vakhs (paroles, vers). Ils expriment un amour inconditionnel pour le divin et exhortent les hommes à rechercher avant tout la connaissance de soi par-delà les obligations religieuses légales ou la pratique ascétique. Les vers, par leur concision et leur répertoire imagée, frappent la conscience des lecteurs comme des éclairs illuminant les ténèbres de la nuit. Lal Ded fut aimée, reconnue et vénérée par les différentes communautés confessionnelles du Cachemire. Hindous et musulmans la surnomment affectueusement Lalla Didi (grande sœur Lalla) ou Lalla Yogini (l'ascète Lalla) ou encore Lalla 'arifa (la mystique Lalla). Mais elle est généralement désignée par le sobriquet de Lala Ded qui signifie en langage populaire "Grand-mère Lal" et en langage littéraire "Lal la matrice" sans doute en référence à la notion de fertilité attachée aux déesses dans le panthéon hindou. Nombreuses sont les similitudes entre Lal Ded et Mirabai. Comme la sainte du Rajasthan, Lal Ded fut mariée encore enfant, à l'âge précoce de 12 ans. Une fois installée au domicile conjugal, elle fut maltraitée par sa belle-mère et délaissée par son mari. A l'âge de 24 ans, elle s'échappa de l'emprise familiale pour vivre une vie de ménestrel et de gyrovague itinérant parcourant le Cachemire en disciple de Shiva et survivant grâce à l'aumône des gens charitables.

Quelques Vakhs :

Quand mon esprit fut purifié de toutes les impuretés
Comme un miroir de sa poussière et de sa saleté
Je reconnus le Soi en moi :
Quand je Le vis s'écouler en moi,
Je réalisais qu'Il était Tout et que je n'étais rien.

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Moi, Lalla, je suis délibérément entrée par les portes d'un jardin
Là, ô Joie, j'y ai trouvé Shiva uni à Shakti
A l'instant même, je m'absorbais à boire l'eau d'un lac semblable à un nectar
Immunisée contre la douleur suis-je devenue,
Morte que je suis au monde, mais pourtant parfaitement en vie.

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J'ai brûlé l'impûreté de mon âme
J'ai mis à mort mon coeur et toutes mes passions.
J'ai étalé la bordure de mes vêtements et me suis assise.
Là, à genoux, dans un don total de moi-même à Lui.
Ma renommé à moi, Lalla, se répand au loin. (trad. Maïna Kataki)

samedi 16 mars 2013

Akbar Padamsee interview

Akbar Padamsee


Traduction d'un article paru dans le magazine Art India :

Interviewer Akbar Padamsee revient à écouter une histoire sinueuse qui passe du coq à l'âne avec des allers-retours incessants. Il passe naturellement de l'anglais au sanskrit, du fait historique à l'anecdote et au potin. Padamsee (né en 1928), qui fut un proche du groupe des Artistes Progressites de Bombay, vient d'une famille de commerçants ismaéliens. Il dessine depuis l'âge de quatre ans. Ce qui au départ a commencé comme de simples gribouillis dans les marges des journaux comptables de son père s'est transformé en une oeuvre artistique qui s'étale à présent sur plus de soixante ans.
Une des voix parmi les plus originales de l'art moderne indien, Padamsee a tour à tour exploré la peinture, la sculpture, la photographie, la réalisation de films, la gravure et l'image de synthèse. Bien qu'il soit plus particulièrement connu pour ses nus, ses couples, ses bustes, ses décors et ses paysages métaphysiques (metascapes), il ne décrit pas son art comme figuratif.
Extraits d'une longue conversation avec Subuhi Jiwani.

Subuhi Jiwani : Est-ce vrai que l'Aga Khan [1] vous a encouragé à vous rendre à Paris ?
Akbar Padamsee : Il ne m'a pas véritablement encouragé. Je l'ai rencontré une fois lors d'une réunion communautaire à Mazgaon et je lui ai dit que j'allais m'inscrire à la J. J. School of Art. "Magnifique !" m'a t-il répondu. "Je suis tellement heureux de savoir qu'il y a un peintre dans notre communauté. Quand vous aurez obtenu votre diplôme, venez à Paris. Je vous présenterai à Van Dongen, un grand portraitiste. C'est un ami à moi, il réalise en ce moment mon portrait." C'est tout ce qu'il m'a dit mais grâce à ces paroles enthousiastes, ma mère ne s'est pas opposée à mon départ pour Paris.

S. J. : Pouvez-vous nous parler de Shankar Palsikar, l'une de vos premières influences artistiques ?
A. P. : Il était enseignant à la J. J. School of Art. Il fut nommé Doyen de la Faculté pendant mon séjour à Paris. Lorsque je lui rapportai que Raza m'avait demandé de le suivre à Paris, Palsikar a déclaré : "Mais vous n'avez pas encore vu l'Inde !" Il avait raison car je n'avais même pas pris le temps de visiter Elephanta alors que j'habitais à Bombay. Mon père était très strict et nous n'étions pas autorisé à aller où que ce soit au-delà de Dhobi Talao. J'ai décidé de me rendre à Madurai pour visiter le temple de Minakshi. Quand j'ai vu les sculptures, j'ai été littéralement soufflé. J'ai eu l'impression que j'avais découvert l'art sous une forme divine.
En réalité, j'ai été davantage inspiré par les propos de Palsikar que par son art. Il m'a dit que je devais lire les Upanishads et que pour comprendre l'Inde, j'avais besoin d'étudier la philosophie indienne. Aussi, j'emportai avec moi à Paris une traduction des Upanishads réalisée par Max Mueller.

S. J. : Je réfléchissais à ce procès qui vous a été intenté et que vous avez remporté en 1954. Mise à part la censure de l'Etat, avez-vous eu à subir un autre type de censure ?
A. P. : Il y avait cette réunion au Centre des Artistes où quelque soixante-dix personnes du cercle artistique étaient présentes, dont de nombreux journalistes. Beaucoup m'ont demandé de décrocher mes tableaux car ils allaient porter atteinte à ma réputation. Je leur ai rétorquai que je n'allais pas faire cela et que je ne me souciais guère d'être arrêté. Décrocher mes peintures aurait été reconnaître qu'elles avaient effectivement un caractère obscène comme le dénonçaient mes détracteurs. La plupart des personnes quittèrent la salle, il n'en resta que 5 : Ebrahim Alkazi, Nissim Ezekiel, mon frère Nuruddin, M. F. Hussain et K. H. Ara. J'avais trouvé là mon comité de défense.
Après que j'eus gagné le procès, j'ai délaissé le thème des amants pendant des années. J'avais consacré une année entière au procès et j'en étais sorti écoeuré, surtout par le comportement de ces artistes qui m'avaient demandé de retirer mes tableaux. Je me suis alors tourné vers les Paysages métaphysiques (Metascapes) et d'autres sujets. Je ne suis revenu aux amants (lovers) que dans les années 80 mais d'une manière plus subtile alors.

S. J. : Avez-vous introduit cette subtilité parce que vous ne vouliez pas à nouveau subir la censure ?
A. P. : D'une certaine manière oui. Mes amants étaient nus mais unis dans une relation émotionnelle profondément intimiste. Il y a beaucoup plus de sensibilité et de délicatesse dans la représentation de ces couples tardifs.

S. J. : Vos nus des années 1950 présentent une attitude frontale et sont rendus avec des traits acérés et spontanés (bold). Avec le temps, vos nus ont acquis davantage de profondeur, un aspect plus introverti.
A. P : Dans mes débuts, je donnais à la forme un aspect très brutal. Plus tard, elle a commencé à acquérir plus de volume. J'expérimentais les changements de tonalités et de couleurs. Un artiste se situe davantage dans l'exploration et la découverte que dans la représentation du sujet en tant que tel.

S. J. : J'ai lu une très belle anecdote à propos de la visite que vous a faite Alberto Giacometti à votre atelier à Paris. Après avoir regardé quelque unes de vos toiles, il a déclaré : "Votre art provient de l'art. Peignez donc à partir de la vie." A quoi avez-vous pensé lorsqu'il vous a déclaré cela ? Est-ce que cela vous a conduit à remettre en cause vos pratiques artistiques ?
A. P. : Quand j'ai entendu cela, j'ai été assommé. Je lui ai dit : "Je sais que vous m'avez confié quelque chose de très profond, mais je n'arrive pas à saisir ce que vous entendez par là." Giacometti a jeté un oeil à sa montre et s'est rendu compte qu'il était attendu par sa femme Antoinette. Il m'a demandé de le reconduire chez lui puis a déclaré à sa femme que c'était moi qui l'avais retenu. Elle m'a alors lancé : "De toute façon, ce matin quand j'ai posé pour lui pendant près de deux heures, il ne m'a pas regardé une seule fois." Giacometti a rétorqué: "Je n'ai pas besoin de te regarder pour te peindre. J'ai juste besoin de jeter un coup d'oeil et ensuite je sens ta présence." J'appris ce jour là quelque chose d'essentiel. Avant même de rencontrer Giacometti, j'étais un jour au Cachemire et je me demandais comment je pouvais représenter le paysage que se déployait sous mes yeux. Je me suis dit que je pouvais tout simplement m'asseoir là et réaliser des dessins sans regarder le paysage. Je crois que j'ai alors exécuté quelques dessins qui sont sans doute parmi les meilleurs que j'ai jamais réalisés."

[1] Il s'agit de l'Aga Khan III, le grand-père de l'actuel chef spirituel des ismaéliens, Karim Aga Khan

Akbar Padamsee lors de son séjour à Paris dans les années 1960

Couple, 1952. L'un des tableaux de la série Amants qui valut à Padamsee les foudres de la censure et un procès pour obscénité.

Temple de Minakshi


Temple de Minakshi

mardi 12 mars 2013

Sindbad PUZZLE à la boutique du musée du quai Branly

Musée du quai Branly


La collection des miniatures persanes et indiennes de Sindbad PUZZLE est désormais proposée à la vente dans la boutique du musée du quai Branly. Cette confiance accordée par la librairie du musée envers les puzzles Sindbad constitue une reconnaissance effective de leur qualité tant sur le plan esthétique que sur celui de la fabrication. Les visuels, qui reprennent des chefs-d'œuvres de la peinture iranienne et moghole, ont été sélectionnés avec soin pour leur valeur artistique, leur richesse iconographique, leur signification symbolique. Le carton utilisé dans la réalisation du puzzle est d'origine hollandaise. Il est respectueux de l'environnement en étant recyclable, il est rigide et ne s'écorne pas au fil des manipulations. Grâce à des machines de découpes spéciales, chaque pièce du puzzle possède une forme unique et s'encastre parfaitement à sa place.

Depuis son inauguration en 2007 par Jacques Chirac, le musée du quai Branly, consacré aux arts et aux civilisations d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et des Amériques, a réussi à s'imposer comme un lieu incontournable du circuit historique, artistique et touristique de la capitale. Avec son architecture novatrice imaginée par Jean Nouvel et sa situation sur un site exceptionnel - au pied de la Tour Eiffel et à deux pas des grands musées parisiens - la fréquentation moyenne annuelle du musée atteint désormais 1, 350 million de visiteurs.

jeudi 7 mars 2013

Akbar Padamsee : Nu couché en gris

Untitled (Reclining Nude) - Sans titre (Nu Couché), acrylique en émulsion

Akbar Padamsee, 1960


Untitled (Reclining Nude) que nous pouvons traduire par Sans titre (Nu couché) est sans doute l’œuvre la plus célèbre de l'artiste Akbar Padamsee (né en 1928), l'un des derniers monstres sacrés de l'art indien. Lui-même la considère comme l'une de ses meilleures peintures. Elle fut exécutée en 1960 uniquement dans des tonalités de gris. Elle nous montre une femme nue, allongée, le buste et les membres exagérément étirés. Il se dégage d'elle un sentiment poignant de solitude, d'aliénation et de réclusion, ces fléaux de la société moderne que l'artiste s'attacha tout au long de sa carrière à dénoncer à travers sa représentation des corps, du couple ou des paysages urbains. Comme avec cet autre tableau, d'une beauté lunaire, "City scape" (Paysage urbain) qui nous montre une ville plongée dans la solitude de la nuit, sans âme qui vive, et d'où n'émerge qu'un entassement d'habitations aux fenêtres aveugles. 
Durant cette période que l'on qualifie désormais de "grise" et qui se situe à cheval sur les années 50 et 60, l'artiste se livra à la composition d'une série de tableaux en peignant exclusivement avec des nuances de noir et de blanc. Le gris, selon les propos du peintre lui-même, agit avec ses tonalités claires et ses tonalités foncés comme une couleur possédant deux pôles opposés entre lesquels une large palette de nuances peut être déclinée. Il offre ainsi la possibilité d'effacer les frontières entre les objets et l'espace pour fondre les différents éléments en une unité harmonieuse : "Le gris ne cause pas de dommages. Il n'établit pas de rupture, de séparation radicale entre l'objet et l'espace. Pour le gris, l'objet est l'espace. Le pinceau se déplace à travers eux en des mouvements déterminés et de ces mouvements émerge la forme.[1]"
 
Akbar Padamsee est un artiste difficile à classer dans une catégorie tant l'immensité de son talent et de sa créativité l'emmenèrent au cours de sa vie à s'approprier un éventail extrêmement large de techniques artistiques. Touche à tout de génie, il se livra à la peinture à l'huile, l'aquarelle, l'acrylique, la gravure, la lithographie, la sculpture, la réalisation de films, la photographie et depuis peu, à l'âge canonique de 81 ans, à l'image de synthèse. 
Il naquit à Bombay dans une famille bourgeoise originaire du Gugerat et appartenant à la communauté des musulmans chiites ismaéliens ayant pour chef spirituel l'Aga Khan. Durant ses années d'études supérieures en art à Bombay, il rejoignit le groupe des artistes progressistes formé en 1947 par Francis Newton Souza, Maqbool. F. Hussain et Syed H. Raza qui marqueront de leur pinceau l'évolution de l'art moderne en Inde. En 1950, il accompagnera son ami, le peintre Raza, à Paris, lorsque celui-ci profitant d'une bourse octroyé par le gouvernement s'y envolera pour suivre des études artistiques.  Padamsee ne retournera en Inde qu'en 1967.
Tout au long de sa carrière, l'artiste reçut en Inde les plus hautes distinctions artistiques pour ses œuvres. Il devint en 2011 le détenteur du record de prix jamais atteint par un artiste indien avec Untitled (Reclined Nude) qui fut adjugé à la coquette somme de 1 426 000 dollars lors de la vente aux enchères organisée par Sotheby's à New-York. 
Padamsee vit et travaille à Bombay.

[1] "Grey is without prejudice. It does not discriminate between object and space. For Grey, the object is space. The brush moves across them and from the will of the movement form is born."


City scape, Paysage urbain, 1959

dimanche 3 mars 2013

Buland Darwaza : Une parole du Christ sur l'entrée d'une mosquée

Buland Darwaza de la Grande Mosquée de Fathepur Sikri


Buland Darwaza.
Darwaza est un mot hindi qui veut dire "porte", "portail", "entrée". Buland (prononcer Boland) est un terme persan qui renvoie à l'idée de grandeur tant sur le plan concret que conceptuel. Nous pourrions traduire Buland Darwaza par le Portail Sublime.
Cet édifice mérite bien son nom avec son positionnement sur un site élevé de la ville de Fathepur Sikri, ses allures d'arc de triomphe et ses dimensions impressionnantes qui en font l'une des portes d'accès parmi les plus imposantes du monde. Buland Darwaza fut édifié en 1604 par l'empereur moghol Akbar sur le côté sud de la Grande Mosquée pour commémorer sa victoire sur le Gugerat ou le Deccan. Il s'agissait sans doute à travers le gigantisme de cette construction d'adresser au peuple un message de puissance sur la dynastie des Moghols qui contrôlait désormais la majeure partie du territoire indien.
Le Buland Darwaza surplombe la cour de la mosquée du haut de ses 40 mètres. Il en mesure autant en largeur et possède une profondeur de 20 mètres. Le bâtiment possède une forme semi-octogonale, sa hauteur se divise en plusieurs étages auxquels on accède par une succession d'escaliers et de couloirs qui desservent également d'amples salles aux fenêtres et aux balcons immenses. La façade combine des éléments empruntés à l'architecture iranienne à des motifs purement indiens comme ces 13 chattris (pavillon à coupole) alignés le long du toit et dominés par 3 autres de taille plus importante. Le matériau utilisé dans la construction est essentiellement du grès rouge et jaune. Une impressionnante volée de marches s'élevant à 12 mètres au-dessus du niveau du sol conduit le visiteur devant la porte d'entrée. Elle contribue également à renforcer l'élévation majestueuse du portail et à imposer sa domination sur le paysage environnant.
La mosquée elle-même fut édifiée par Akbar à la fin du XVIe siècle. Avant la construction du Portail Sublime, l'entrée des hommes du peuple se faisait par la porte située sur le mur Nord et celle des membres de la cour par la Badshahi Darwaza (la Porte Impériale) positionnée à l'Est, à l'opposé de la salle de prière.
Parmi les éléments décoratifs qui embellissent les parois du Buland Darwaza, il en est un qui contribue à distinguer le bâtiment par une touche tout à fait attachante, admirable et unique entre tous les édifices religieux du monde. Il s'agit du bandeau épigraphique encadrant la porte d'accès au sanctuaire. A une époque où l'Europe croupissait dans la fange du fanatisme et ployait sous le joug de l'Inquisition, cette calligraphie en persan témoigne de la remarquable ouverture d'esprit et de tolérance que pratiquèrent les Moghols, surtout Akbar, envers les communautés confessionnelles de l'Inde. Ainsi, c'est une citation attribuée au Christ, et non un verset du Coran ou un hadith du Prophète, qui accueille les croyants et les visiteurs de la Grande Mosquée. La parole du Messie, appropriée à la fonction du lieu, adresse une belle invitation aux hommes à se tourner vers la prière en leur rappelant le caractère éphémère et dérisoire de ce monde :

"Jésus, fils de Marie (que la paix soit sur lui) a dit : le monde est un pont sur lequel on passe, et non sur lequel on construit une maison. Celui qui espère pour une heure, espère pour l'éternité. Le monde est une heure : passe-la en prière car le reste ne compte pas."

Buland Darwaza, Kalpana Balaji


Buland Darwaza, par Skarvet