Couple sur une terrasse la nuit de Shab-e barat, Ecole moghole, Faizabad, vers 1765. Cette image est disponible en puzzle 1000 pièces sur le site : www.sindbad-puzzle.com |
Assis enlacé sur une terrasse en marbre blanc, tout près d’un
pavillon à la décoration raffinée, un couple partage des moments d’intimité par
une belle nuit illuminée par les feux d’artifices et les innombrables
luminaires disposés sur le pourtour des édifices. C’est la nuit de la Shab-e barat
ou « nuit du pardon, de la délivrance ». Elle est célébrée au soir du 14e jour de Shaban, le mois qui précède celui de Ramadan. Selon la
tradition islamique, durant cette nuit, les œuvres des hommes montent aux
cieux, Dieu les recueille puis en fonction du mérite de chacun prescrit dans le
livre des décrets leur destin pour les douze mois à venir. Cette nuit est
également investie d'une bénédiction spéciale : la miséricorde de Dieu y descend
sur terre et enveloppe les humains pour leur offrir le pardon. Les hommes sont encouragés à faire de même en s’accordant mutuellement l’absolution.
Il est fortement recommandé de jeûner les 13e, 14e
et 15e jours de Shaban. Ils sont considérés comme particulièrement propices pour la vie spirituelle et préparent mentalement le croyant au jeûne du mois de Ramadan. La
Tradition islamique nous montre le Prophète jeûnant durant ces trois jours et
passant la 14e nuit en prière. Enfin, c’est également une nuit
où les ancêtres sont spécialement remémorés : des supplications
sont adressées à Dieu pour leur repos éternel.
En Inde et dans le monde persan, la nuit de Shab-e barat était
fêtée en grande pompe et donnait lieue à des réjouissances populaires. On
éclairait la nuit en allumant des milliers de lampes et en tirant des feux d’artifices.
L’extrait ci-dessous, tiré des Mémoires de l’empereur Jehangir (m. 1627), nous
offre un aperçu de l’ampleur de ces festivités à l’époque moghole.
« Le 14e jour du mois de Shaban auquel correspond le Shab-e barat, j’ordonnai la tenue d’une réception dans les appartements du palais de la Begum Nur Jehan, situé au milieu d’immenses bassins. Je convoquai princes et courtisans à se joindre à un somptueux banquet qui fut préparé par la Begum. J’ordonnai que des coupes remplies de boissons enivrantes soient servies à chacun selon son bon vouloir mais tout en recommandant aux participants d'adopter une conduite digne de leur rang et de leur statut. Toutes sortes de viandes rôties et de fruits savoureux furent déposés devant les invités. Ce fut une réception magnifique. En début de soirée, lampes, lumignons et lanternes furent allumés et placés tout autour des plans d’eau et au-dessus des bâtiments. Un feu d’artifice impressionnant, de ceux que l’on n’a jamais vu de mémoire d’hommes fut tiré. Le ciel fut tout entier illuminé. La lueur projetée par le feu d’artifice, les lampes et les luminaires fut telle que les plans d’eau ressemblaient à des plaines en feu. On se livra ensuite à de monumentales réjouissances, et les convives burent plus que de raison. »
« Le 14e jour du mois de Shaban auquel correspond le Shab-e barat, j’ordonnai la tenue d’une réception dans les appartements du palais de la Begum Nur Jehan, situé au milieu d’immenses bassins. Je convoquai princes et courtisans à se joindre à un somptueux banquet qui fut préparé par la Begum. J’ordonnai que des coupes remplies de boissons enivrantes soient servies à chacun selon son bon vouloir mais tout en recommandant aux participants d'adopter une conduite digne de leur rang et de leur statut. Toutes sortes de viandes rôties et de fruits savoureux furent déposés devant les invités. Ce fut une réception magnifique. En début de soirée, lampes, lumignons et lanternes furent allumés et placés tout autour des plans d’eau et au-dessus des bâtiments. Un feu d’artifice impressionnant, de ceux que l’on n’a jamais vu de mémoire d’hommes fut tiré. Le ciel fut tout entier illuminé. La lueur projetée par le feu d’artifice, les lampes et les luminaires fut telle que les plans d’eau ressemblaient à des plaines en feu. On se livra ensuite à de monumentales réjouissances, et les convives burent plus que de raison. »
La nuit de Shab-e barat, Delhi, style de Govardhan, vers 1735 |
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