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Le Dôme du Rocher (Qubbat al-Sakhra) a été construit sur les vestiges du temple du Salomon par le calife omeyyade Abd al-Malik en 691-692. Il est de forme octogonale. Les magnifiques carreaux de céramiques qui le recouvrent datent du XVIe siècle, ils ont été réalisés sous le règne du Sultan ottoman Soliman le Magnifique. La décoration intérieure en mosaïques est l'oeuvre d'artistes byzantins.
Le Dôme du Rocher est le plus ancien monument de l’Islam, son premier chef-d'oeuvre. Il suscite l’admiration par sa splendeur, sa perfection géométrique et sa situation majestueuse. Il domine par sa taille, sa surface chatoyante et l'éclat solaire de son dôme doré la ville sainte de Jérusalem. Le premier coup d’essai architectural de la nouvelle religion fut d’emblée un coup de maître.
Oleg Grabar, le spécialiste de l’art islamique, a mené dans son livre « Le Dôme du rocher », une investigation remarquable sur cet édifice afin d’élucider les raisons de sa construction. Il tente également de nous montrer que la signification attribuée à un monument par le public évolue dans le temps.
Jérusalem est le 3e lieu saint de l'Islam après La Mecque et Médine. La ville fut la première qibla des musulmans, la direction vers laquelle ils se tournaient pour accomplir leurs prières, avant d'être supplantée par La Mecque en 624. Abd al-Malik a sans doute voulu honorer la ville sainte en y ordonnant la construction du Dôme mais la question que l'on peut soulever est pourquoi à cet endroit précis plutôt qu'un autre. C'est à cette question qu'Oleg Grabar s'efforce d'apporter des réponses dans son livre tout au long des pages.
Tout d'abord, commençons par dire que contrairement à ce que l’on croit le Dôme du Rocher n'est pas une mosquée, ce n'est pas non plus un mausolée. C'est une construction de forme octogonale qui contient en son centre un rocher. Deux déambulatoires permettent de circuler autour du caillou. De nos jours, les musulmans rattachent au rocher deux événements religieux majeurs. C'est le lieu d’où le Prophète Muhammad s’est élevé vers Dieu durant son voyage nocturne (Mi’raj) monté sur une étrange créature, un coursier à tête de femme, appelée Buraq. Selon la tradition musulmane, l'empreinte du pied du Prophète avant qu'il ne s'envole pour le Ciel serait même restée gravée sur le rocher. Chaque pèlerin qui se rend au Dôme s'efforce de localiser cette empreinte sur sa surface. C'est également sur ce rocher qu’Abraham aurait accompli son geste sacrificiel d'immoler Ismaël à Dieu. L’enfant fut sauvé au dernier instant par un archange qui retint la main du patriarche et lui offrit un substitut à sacrifier. Oleg Grabar montre qu’aucune de ces deux croyances n’était ratachée à l'édifice lors de sa construction. Ce n’est qu’au IXe siècle que le récit du Mi’raj fut élaboré avec précision et que Jérusalem fut identifiée à la Mosquée très éloignée mentionnée dans le verset du voyage nocturne : "Gloire à Celui qui fit voyager de nuit son serviteur de la Mosquée sacrée à la Mosquée très éloignée dont nous avons béni les alentours, afin de lui faire voir certains de nos Signes" (Coran, XVII, 1). De même, bien que des légendes relatives à Abraham étaient associées à cet emplacement, aucune ne permettait de désigner le rocher de manière claire comme l'emplacement du sacrifice.
Pour Oleg Grabar, il faut essentiellement voir dans la construction du Dôme un acte éminemment symbolique, un message politique adressé de la part du Calife à ses sujets. Le spécialiste se base sur une étude minutieuse des versets coraniques et de l’iconographie décorant les parois intérieurs du monument pour soutenir sa thèse. Il relève que les versets sont de trois sortes.
Les premiers affirment les principes fondamentaux de l’Islam : l’Unicité de Dieu, Sa Transcendance, et la Prophétie de Muhammad. Ces versets visent à démontrer clairement que l’Islam est une foi monothéiste qui repose sur des dogmes simples et clairs.
Les seconds s’étendent sur la position de l’Islam face aux Gens du Livre, à savoir les Juifs et les Chrétiens, dans ses convergences et ses divergences avec eux, notamment sur la Divinité de Jésus, la Trinité, la crucifixion… Les versets relatifs à Abraham y sont particulièrement nombreux, son statut éminent de père des croyants et d’ancêtre de Moïse, Jésus et Muhammad est mis en exergue. L’objectif est d’affirmer avec force l’appartenance de l’Islam à la famille abrahamique et aux racines judéo-chrétiennes de son message. Le choix de la construction d’un monument islamique centré autour d’un rocher renvoyant à la mémoire d’Abraham et de surcroît reposant sur les fondations du temple de Salomon apparaît alors dans toute sa signification : s’inscrire dans la continuité des révélations bibliques tout en transmettant un message de puissance et de triomphe de la nouvelle foi sur les anciennes.
Le troisième groupe de versets proclame l’universalité du message islamique, une Révélation adressée à tous les hommes sans distinction de races ou de religions. Ces versets invitent les autres peuples à reconnaître la nouvelle foi et à venir l’embrasser. C’est très probablement pour exprimer d’une manière visuelle cette dimension universelle de l'Islam que l’architecture du Dôme repose strictement sur des formes géométriques, deux carrés formant un octogone inscrit dans un cercle. Au cours des siècles, la tension géopolitique s'amenuisant et l’Islam ayant trouvé sa place officielle dans le concert des grandes religions, le message primordial politico-religieux du Dôme du Rocher tomba dans l'oubli et céda la place à d’autres significations basées sur un conglomérat d’histoires et de mythes formés par les croyances populaires.
Le décor intérieur du Dôme représente des motifs végétaux serpentant autour d'objets précieux tels que des joyaux, des bijoux, des couronnes, des colliers, des vases... Là aussi, plusieurs interprétations sont possibles. Oleg Grabar en privilégie deux. Ces trésors peuvent se référer aux richesses de Salomon mais aussi illustrer le butin de guerre saisi par le Calife lors de ses conquêtes et faisant de lui le nouvel homme fort sur l'échiquier politique.
En dépit du travail remarquable qu'Oleg Grabar a accompli autour du Dôme, il conclut de manière humble en laissant la porte ouverte à d’autres interprétations et des recherches encore plus approfondies sur l'édifice : « Le Dôme du Rocher à Jérusalem appartient à la même catégorie d'œuvres d'art visuellement claires, auxquelles il est certain qu'un sens précis était associé dans le passé, bien qu'il soit aujourd'hui hors de notre portée. »
Bibl. Oleg Grabar, Le Dôme du Rocher, Joyau de Jérusalem, Albin Michel
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