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mercredi 11 septembre 2013

Abd al-Samad : Le voyage du poète

Le voyage du poète, Abd al-Samad ?, école moghole, XVIe siècle


Le soleil commence à percer. Il aura vite fait de disperser les nuages qui encombrent encore le ciel matinal. La journée s'annonce belle et resplendissante. Certains rochers se parent même de magnifiques teintes dorées. Un poète, entouré de serviteurs, chemine sur un sentier sinueux passant à travers monts et vaux jusqu'à un bourg dont on aperçoit déjà au loin les flèches hérissées.
La miniature est attribuée à Abd al-Samad, surnommé le Calame doux par Akbar à cause de la finesse de son trait. D'origine persane, il était venu s'établir en Inde pour mettre son art au service des Moghols. On reconnaît d'ailleurs ces fameuses montagnes aux formes animalières grotesques typiques de la peinture iranienne. Néanmoins, afin de complaire à ses nouveaux maîtres dont le goût penche vers le réalisme, l'artiste a introduit la perspective et ce ciel nuageux que l'on voit dans ces peintures importées à la cour de Delhi par les jésuites arrivés d'Europe. Cette œuvre est d'ailleurs l'une des premières où l'on relève l'introduction de la perspective dans l'art de la miniature.
"Les voyages forment la jeunesse." "Nul n'est prophète dans son pays." C'est bien connu. Ce sont ces vérités populaires que nous trouvons rappelées en distiques dans les cartouches du haut et du bas, le dernier d'entre eux étant emprunté à un poème de Rûmî traitant de la quête spirituelle :
Un homme ne reçoit aucun respect dans sa terre natale ;
Un joyau ne possède aucune valeur dans sa mine d'origine ;
Observe la terre et le ciel :
Ils naviguent sans fin en un voyage permanent.
Si les arbres pouvaient se déplacer et partir au loin,
Ils n'auraient plus à souffrir de la hache et de la scie.

Basawan : La cabane dans l'arbre



Qui n'a jamais rêvé de posséder dans son jardin une retraite aussi délicieuse que celle représentée dans la miniature : une élégante plateforme posée sur les branches d'un arbre et cachée parmi le feuillage. On pourrait s'y retirer à loisir des tracasseries de ce monde pour méditer, contempler la nature, savourer un recueil de poésie, seul ou en compagnie d'un confident venu avec une bonne bouteille. Cette vision idyllique nous est proposée par Basawan, considéré par le vizir Abu Fazl, comme le plus brillant artiste de l'atelier d'Akbar. Basawan possède une palette d'une richesse et d'une intensité exceptionnelle. On reste admiratif par la dextérité avec laquelle il sait la varier en fonction des sujets traités. Ici, il explore les nuances dans le vert afin d'exalter l'éclat et la splendeur de la nature par une belle journée ensoleillée d'été. La végétation jaillit à profusion et franchit même la marge supérieure pour s'épanouir au-delà du cadre de la composition. On relèvera également la faculté de Basawan à croquer des scènes sur le vif comme ce valet au pied de l'arbre que l'on voit griller de la viande en tournant d'une main la broche tandis que de l'autre il évente le feu. 
La miniature est tirée d'un recueil de poésie (divan) d'un poète persan du XIIe siècle, Anvari. Les moghols affectionnaient particulièrement cet auteur. Akbar commanda en 1570 une copie du divan d'Anvari, de format poche, susceptible d'être emporté facilement lors de ses déplacements. 
L'artiste a pris quelques libertés avec le contenu du poème qui nous décrit une maison d'été tout à fait conventionnelle. Il a préféré représenter le poète au cœur des frondaisons et nous livrer une vision du jardin comme un lieu situé entre la terre et le ciel. Ce n'est pas encore le paradis mais on y échappe déjà aux contingences de ce monde. Le début du poème, dont les premiers vers sont insérées dans les cartouches du haut et du bas, commence par une description de l'état déprimé du poète. Il trouvera la sérénité dans le jardin où il partagera d'agréables moments avec son ami à parler de philosophie et de la vie :
La nuit dernière, je rentrai chez moi ivre
Accompagné que j'étais d'un bon ami.
Sur le rebord de la fenêtre, je trouvai
Une bouteille à moitié pleine
D'un vin aussi pur que la promesse
Des belles amitiés
Et aussi amer que
L'état de ceux qui aiment...



Balchand : Jehangir reçoit le prince Khurram

Jehangir reçoit le prince Khurram de retour de sa campagne militaire dans le Mewar, tiré du Padshahname, Balchand, vers 1635


Jehangir reçoit son fils Khurram, le futur Shah Jehan, lors d'une audience publique (darbar) organisée en l'honneur du prince héritier pour le féliciter de sa victoire militaire dans le Mewar. La scène se déroule sous le regard tutélaire d'Akbar dont on voit le portrait accroché au-dessus des deux hommes.
La miniature nous éblouit par la splendeur de sa palette, le raffinement de son décor  d'or, la maîtrise de la composition. Bien que la foule soit importante, les personnages sont disposés selon une répartition savante qui confère à chacun une attitude naturelle et décontractée. Dans d'autres illustrations de darbar réalisées par des peintres de moindre acabit, l'attroupement prenait généralement un caractère confus et compassé empreinte de raideur. Ici, la cérémonie respire la grâce et la solennité. Les visages sont dessinés avec une extrême minutie, chaque individu possède sa propre personnalité. L'art moghol, bien que profondément influencé par la peinture persane, se distingua très rapidement de sa rivale par son attrait pour le réalisme des scènes, des figures et des paysages.
L’œuvre a été exécutée par Balchand, comme nous l'atteste la signature griffonnée sous le trône : "Peint par Balchand, l'humble serviteur de la cour". Toute la finesse et la maîtrise artistique de ce miniaturiste éclatent dans cette peinture réalisée pour illustrer le Padshahname, un recueil biographique commandé par Shah Jehan pour exalter son règne. Comme pour nombre d'autres peintres, on ignore pratiquement tout de la vie de Balchand. On sait seulement qu'il était de confession hindoue et qu'il se convertit à l'Islam. Encore jeune, il rejoignit l'atelier d'Akbar durant la dernière décennie de son règne. Il poursuivit ensuite sa carrière artistique au service de Jehangir puis de Shah Jehan. Il s'est représenté lui-même dans la miniature, dans l'angle inférieur gauche, portant une chemise sous le bras où on peut lire : "Balchand par lui-même".
Pour terminer, remarquons dans l’œuvre cette image incongrue d'un éléphant tout sourire, la mine réjouie et visiblement ravi d'assister au darbar royal. S'il a jamais existé un éléphant heureux sur cette terre, c'est bien celui-là.

Trois empereurs réunis dans une même miniature : Akbar (en portrait), Jehangir et Shah Jehan, Détail
Détail


Un grand sourire aux lèvres, l’œil rieur et malicieux, le plus heureux des invités du darbar devait certainement être ce brave pachyderme.

Shiva Das : L'amant arrive à minuit

Arrivée de l'amant à minuit, Shiva Das, école moghole, vers 1580, tiré du Divan d'Anvari


Les miniatures nous transportent au temps de l'Inde moghole. Ici, nous sommes invités à pénétrer dans une chambre, très certainement typique de celles que l'on devait trouver dans le complexe palatial de Fathepur Sikri. Comme l'on peut observer, les murs de pierre étaient recouverts avec de la chaux que l'on polissait jusqu'à ce qu'elle prenne l'apparence du marbre. Puis, on décorait sa surface avec des arabesques fleuris. Des niches étaient pratiquées dans le mur pour accueillir flacons et autres objets décoratifs. Une armoire et un charpoï (lit) constituaient l'essentiel du mobilier.
La miniature est attribuée à un certain Shiva Das. A en juger par deux de ses autres oeuvres conservées à la British Library, l'artiste devait exceller dans la représentation de beaux visages imberbes de jeunes garçons.
Le poème d'Anvari qui accompagne l'illustration et se poursuit au verso débute par ces vers :
Arriva près de moi la nuit
L'adorable soleil de l'aimé.
Sa taille élancée tel le cyprès,
Son visage telle une lune éclatante,
Il enflamma les esprits par ses lèvres de rubis
Et emprisonna les cœurs avec ses longues tresses.

lundi 26 août 2013

Un tour du monde avec Nusret Colpan

Planisphère, Nusret Colpan


Envie d’une évasion vers d’autres lieux et contrées ? Embarquez-vous alors en compagnie de Nusret Colpan et de ses magnifiques miniatures pour un voyage aux quatre coins du globe.
Nusret Colpan naquit en 1958 à Bandirma (Turquie) et mourut... d’une maladie cardiaque à l’âge précoce de 55 ans à Istanbul. Son œuvre fut particulièrement influencée par celle du savant et cartographe du XVIe siècle Matrakci Nasuh. Néanmoins, l’artiste sut avec talent éviter l’écueil d’une reproduction stérile pour revisiter l’art de la miniature en y introduisant des thèmes, une sensibilité et des techniques modernes. L’œuvre de Nusret Colpan se caractérise par un emploi récurrent de la spirale tant sous la forme de ces petits nuages à la chinoise que l’on voit disséminées un peu partout dans la composition que dans des mouvements amples se propageant telle une onde jusqu’aux extrémités du tableau. Faut-il y voir là le symbole d’un amour universel emportant dans une dynamique cosmique l’ensemble de l’humanité et du monde ? Pourquoi pas ? En tout cas, on peut facilement déceler l’influence du soufisme dans le travail artistique de Nusret Colpan.
Le nombre de miniatures réalisées par l’artiste s’élève à plus de trois cents. Il représenta essentiellement les villes du monde, en particulier Istanbul, mais puisa également son inspiration dans l’histoire et la spiritualité, comme en témoignent des peintures telles que La chute de Constantinople, Les derviches tourneurs ou L’Arche de Noé.
Les miniatures de Nusret Colpan, par les invitations au voyage planétaire et temporel qu’elles nous adressent, constituent autant de traits-d’union entre l’Est et l’Ouest et entre le présent et le passé.


Konya

Médine


Dubaï

Le pont de Mostar
 

L'Australie

Istanbul


Paris

L'Arche de Noé

lundi 5 août 2013

Sahibdin : Malavi Ragini : une atmosphère érotique



De larges aplats de couleurs vives et contrastées. Un cyprès dressé comme une lance et un feuillage en effervescence. Un dôme et une paire de pots aux courbes sensuelles et d'une blancheur laiteuse. Une servante sur le point de s'éclipser. Dans cette remarquable peinture de Sahibdin, les symboles érotiques du décor installent une atmosphère empreinte de sensualité. Les couleurs avec leurs tons saturés révèlent l'ardeur des désirs amoureux consumant les cœurs et les corps des deux amants. Ceux-ci, bras dessus bras dessus, les yeux dans les yeux, une guirlande de fleurs à la main, se dirigent vers la chambre où les attend la couche conjugale.
Cette miniature, intitulée Malavi Ragini, est extraite d'un ragamala, c'est-à-dire un recueil de peintures illustrant des thèmes musicaux basés sur l'évocation des moments ou des états-d'âme en lien avec l'amour. La peinture est signée du nom de Sahibdin. Cet artiste de la région du Mewar, dans l'état du Rajasthan, passe pour avoir dominé et renouvelé de son trait la peinture rajpoute au XVIIe siècle. Il fut l'un des premiers à réaliser une synthèse harmonieuse entre le vocabulaire esthétique hérité des moghols et les formes artistiques traditionnelles du Rajasthan. Dans l’œuvre ci-dessus, l'influence moghole se décèle dans le soin apporté au détail, particulièrement dans le rendu des tenues vestimentaires, comme la délicate blouse blanche en mousseline du prince.
Bien que musulman, Sahibdin se consacra essentiellement à l'illustration de sujets inspirés du répertoire mythologique et des textes sacrés hindous. L'artiste acquit la notoriété avec sa série des ragamala qu'il illustra avec une palette d'une belle fraîcheur et des scènes d'une forte intensité émotionnelle. Malavi Ragini constitue l'un des exemples les plus aboutis de cette série.
Il est temps à présent pour nous aussi de nous retirer discrètement et de laisser les amoureux à leur intimité. Mais avant, prenons quelques secondes pour savourer ces vers du poète Narada déposés au-dessus de la scène :
"La dame à la belle taille avait déjà goûté de ses lèvres à son beau visage de lotus. Son teint était aussi éclatant que le plumage d'un oiseau exotique... A la brune, il pénétra dans le pavillon des rendez-vous galants, une guirlande de fleurs à la main. Ainsi est l'incomparable souverain de Malava Raga."



jeudi 1 août 2013

Mahesh : Le jardin d'Akbar

Le jardin d'Akbar, Mahesh, école moghole, tiré du livre du Diwan d'Anvari, 1588



Depuis l’époque de Babur, les Moghols furent de fervents amoureux de la nature. Nombreuses sont les miniatures qui nous les dépeignent se délassant dans un magnifique jardin ou supervisant son aménagement.
Au cours des siècles, les jardins moghols subirent des évolutions marquantes et chacun d'eux se présente à nous comme le reflet de la personnalité et des états-d'âme du souverain qui l'a commandité. On peut même y déceler sa conception de l'autorité royale. Ainsi, les parcs paysagers édifiés par Shah Jehan, comme celui du Taj Mahal, nous impressionnent par leur magnificence. Structurés selon un plan d’une géométrie rigoureuse, les différents espaces se répartissent de part et d'autre de larges perspectives qui se déploient comme des allées triomphales.
La miniature ci-dessus nous montre un jardin à l’époque d’Akbar. Deux jardiniers à pied d’œuvre s’activent à son embellissement. L’œuvre est attribuée à Mahesh, l’un des dix-sept peintres que compta l’atelier impérial. Il est le seul parmi eux à avoir reçu l'insigne honneur de voir son nom mentionné dans la grande biographie de l'empereur rédigée par l’historien de cour Abu Fazl.
Le jardin d’Akbar nous étonne par son originalité. Il nous révèle la personnalité chaleureuse du souverain et le syncrétisme culturel qu’il pratiqua durant son règne. Arbres et fleurs se côtoient dans une joyeuse profusion et mélange des genres. Aucun espace n’est clairement défini, même la symétrie, pourtant si prégnante dans l'art islamique, n’est respectée. Le jardin nous donne l’impression d’être livré à la générosité et au bon vouloir des lois naturelles. Mais on devine que derrière ce désordre apparent, une volonté savante et réfléchie a dû guider la main des ouvriers. Ce jardin exemplifie d’une certaine manière la politique habile, faite d’alliances matrimoniales et d’ouverture œcuménique, qu’Akbar sut mettre en œuvre pour unifier sous son autorité, dans une coexistence pacifique, l’extraordinaire mosaïque des peuples et des religions composant son empire.
La miniature comporte deux cartouches dans lesquelles les premiers vers d'un poème sont insérés. Ils nous invitent au bonheur et à pénétrer dans le délicieux jardin :
C'est le jour du jardin, des réjouissances et de la joie
C'est le jour du marché de la rose et du basilic
La poussière s'est mélangée avec le musc et l'ambre
La robe du zéphyr répand mille parfums et senteurs.


Babur supervisant la construction d'un jardin


Détail

jeudi 25 juillet 2013

Un miniaturiste dans son oeuvre : Nainsukh de Guler

Le rajah Balwant Singh de Jasrota observant une peinture de Nainsukh, Naisukh, vers 1750, Met Museum, (dim. 21 X 30 cm.)


Cette miniature possède une particularité quasiment unique dans la peinture persane et indienne : l’artiste s’est représenté en pied dans son œuvre.  Il s’agit de Nainsukh de Guler.  Debout, le torse incliné et les mains jointes en signe de déférence derrière le rajah Balwant Singh, le peintre attend le verdict de son maître sur un portrait de Krishna qu’il vient de lui remettre. 
Dans l’art de la miniature, l’usage exigeait l’anonymat. Lorsqu'un artiste décidait de divulguer son identité ou de se représenter dans son œuvre, il le faisait de manière extrêmement discrète,  en griffonnant en caractères minuscules sa signature à un endroit de la peinture ou en se croquant jusqu'à la taille seulement au milieu d’une foule de personnages. On le reconnaissait alors tenant son carton de dessins serré sous le bras.
Cette belle peinture nous révèle la relation étroite, empreinte de respect et de camaraderie, qui devait unir les deux hommes. Le miniaturiste passa près de vingt-cinq ans dans le château de Balwant Singh et se risqua même à le suivre dans son exil temporaire à Guler. Au niveau iconographique, aucun détail n'échappe à Nainsukh, que ce soit le narghilé dans sa gaine en tissu brodé, les traits des musiciens, les délicates arabesques fleuries décorant le trône ou l’épaisse végétation luxuriante que l’on aperçoit par-delà le portique.

Détail

Jehangir recevant le prince Khurram, Balchand, XVIIe siècle. On remarquera le peintre qui s'est représenté dans l'angle inférieur gauche tenant une chemise de couleur jaune sous le bras.

lundi 22 juillet 2013

John Lennon - India India



En 1968, les Beatles firent un séjour en Inde auprès de leur guide spirituel Mahareshi Mahesh Yogi pour s'initier à la spiritualité hindoue et pratiquer la méditation transcendantale. Nombre de chansons de l'album blanc furent ébauchés durant ce voyage. On pourrait croire qu'il en est de même pour India India. Pourtant, cette chanson ne fut écrite et composée qu'à la fin des années 70 lors de l'enregistrement de La ballade de John et Yoko.
Empreinte de nostalgie, chantée d'une voix douce et mélancolique, la chanson nous émeut par la simplicité des paroles où l'amour pour un pays et sa spiritualité millénaire rejoint celui d'une femme aimée pour finalement engendrer une tension antagoniste. Tiraillé entre les deux, le poète devra prendre une décision douloureuse. Il choisira de suivre son cœur en prenant la voie de l'amour plutôt que celle de la quête existentielle. D'ailleurs, l'amour n'est-il pas la réponse aux interrogations ? "Love is the answer" chantait Lennon dans Mind Games. Peu de temps avant son départ pour l'Inde, le chanteur qui était encore marié avec Cynthia, avait entamé une liaison avec Yoko Ono. Une fois en Inde, il n'avait qu'une hâte : s'envoler vers l'Angleterre pour la rejoindre. Ces événements ont dû sans doute inspirer Lennon dans l'écriture de la chanson.
India India, pour des raisons inconnues, ne fut jamais enregistrée sur aucun disque de l'ex-Beatles.

India India

India, India, take me to your heart
Reveal your ancient mysteries to me
I'm searchin' for an answer, but somewhere deep inside
I know I'll never find it here - it's already in my mind

India, India, listen to my plea
Sit here at your feet so please don't leave
I'm waiting by the river but somewhere in my mind
I left my heart in England with the girl I left behind
I've got to follow my heart wherever it takes me
I've got to follow my heart wherever it calls to me
I've got to follow my heart and my heart is going home

India, India - listen to my plea
I sit here at your feet so patiently
I'm waiting by the river but somewhere in my mind
I left my heart in England with the girl I left behind
I've got to follow my heart wherever it takes me
I've got to follow my heart wherever it calls to me
I've got to follow my heart and my heart is going home

Traduction :

India India, conduis-moi vers ton cœur
Révèle-moi tes anciens mystères
Je suis à la recherche d’une réponse, mais tout au fond de moi
Je sais que je ne la trouverai pas ici – Je le sais d'avance

India India, écoute ma supplication
Je me tiens là assis à tes pieds. Je t’en supplie ne me quitte pas
J’attends près de la rivière mais quelque part je sais que
J’ai laissé mon cœur en Angleterre avec la fille que j’ai laissé derrière moi
Je dois suivre mon cœur où qu’il me mène
Je dois suivre mon cœur où qu’il m’appelle
Je dois suivre mon cœur et mon cœur retourne à la maison

India India – écoute ma supplication
Je me tiens assis à tes pieds attendant patiemment
J’attends près de la rivière mais quelque part je sais que
J’ai laissé mon cœur en Angleterre avec la fille que j’ai laissé derrière moi
Je dois suivre mon cœur où qu’il me mène
Je dois suivre mon cœur où qu’il m’appelle
Je dois suivre mon cœur et mon cœur retourne à la maison.

Les Beatles en Inde vus par Guy Peellaert dans Rock Dreams avec Ravi Shankar au centre en gourou du groupe
Les Beatles à Rishikesh en Inde auprès du Maharishi Mahesh Yogi, 1968

jeudi 18 juillet 2013

Shab-e barat : la nuit du pardon

Couple sur une terrasse la nuit de Shab-e barat, Ecole moghole, Faizabad, vers 1765. Cette image est disponible en puzzle 1000 pièces sur le site : www.sindbad-puzzle.com

 
Assis enlacé sur une terrasse en marbre blanc, tout près d’un pavillon à la décoration raffinée, un couple partage des moments d’intimité par une belle nuit illuminée par les feux d’artifices et les innombrables luminaires disposés sur le pourtour des édifices. C’est la nuit de la Shab-e barat ou « nuit du pardon, de la délivrance ». Elle est célébrée au soir du 14e jour de Shaban, le mois qui précède celui de Ramadan. Selon la tradition islamique, durant cette nuit, les œuvres des hommes montent aux cieux, Dieu les recueille puis en fonction du mérite de chacun prescrit dans le livre des décrets leur destin pour les douze mois à venir. Cette nuit est également investie d'une bénédiction spéciale : la miséricorde de Dieu y descend sur terre et enveloppe les humains pour leur offrir le pardon. Les hommes sont encouragés à faire de même en s’accordant mutuellement l’absolution. Il est fortement recommandé de jeûner les 13e, 14e et 15e jours de Shaban. Ils sont considérés comme particulièrement propices pour la vie spirituelle et préparent mentalement le croyant au jeûne du mois de Ramadan. La Tradition islamique nous montre le Prophète jeûnant durant ces trois jours et passant la 14e nuit en prière. Enfin, c’est également une nuit où les ancêtres sont spécialement remémorés : des supplications sont adressées à Dieu pour leur repos éternel.
En Inde et dans le monde persan, la nuit de Shab-e barat était fêtée en grande pompe et donnait lieue à des réjouissances populaires. On éclairait la nuit en allumant des milliers de lampes et en tirant des feux d’artifices. L’extrait ci-dessous, tiré des Mémoires de l’empereur Jehangir (m. 1627), nous offre un aperçu de l’ampleur de ces festivités à l’époque moghole.

« Le 14e jour du mois de Shaban auquel correspond le Shab-e barat, j’ordonnai la tenue d’une réception dans les appartements du palais de la Begum Nur Jehan, situé au milieu d’immenses bassins. Je convoquai princes et courtisans à se joindre à un somptueux banquet qui fut préparé par la Begum. J’ordonnai que des coupes remplies de boissons enivrantes soient servies à chacun selon son bon vouloir mais tout en recommandant aux participants d'adopter une conduite digne de leur rang et de leur statut. Toutes sortes de viandes rôties et de fruits savoureux furent déposés devant les invités. Ce fut une réception magnifique. En début de soirée, lampes, lumignons et lanternes furent allumés et placés tout autour des plans d’eau et au-dessus des bâtiments. Un feu d’artifice impressionnant, de ceux que l’on n’a jamais vu de mémoire d’hommes fut tiré. Le ciel fut tout entier illuminé. La lueur projetée par le feu d’artifice, les lampes et les luminaires fut telle que les plans d’eau ressemblaient à des plaines en feu. On se livra ensuite à de monumentales réjouissances, et les convives burent plus que de raison. »

La nuit de Shab-e barat, Delhi, style de Govardhan, vers 1735


Artificier, Anonyme, Calcutta, vers 1794. La peinture a été réalisée selon le style hybride de la Compagnie des Indes britannique qui s'épanouit.au XVIIIe et XIXe siècles sous l'influence européenne et le patronage des Anglais.

mercredi 17 juillet 2013

Le Petit Cormier à Montigny-sur-Loing



Envie d’une escapade champêtre autour de Paris par un beau dimanche ensoleillé ? Alors pourquoi n’essaieriez-vous pas Montigny-sur-Loing, cette petite bourgade paisible située au cœur de la forêt de Fontainebleau et traversée par le cours alangui du Loing ? Depuis un peu plus de six mois, la ville accueille sur ses hauteurs, un ravissant salon de thé, Le Petit Cormier, qui abrite également sous son toit une boutique et une galerie d’art.
Dans la boutique, des produits du terroir fabriqués par les artisans de nos régions de France côtoient en une cohabitation heureuse et réussie, ceux de leurs confrères marocains. La galerie, quant à elle, reçoit pour des expositions temporaires, les œuvres des artistes montignons ou des environs.
Pour connaître en détail ce lieu consacré au Carpe Diem, on consultera le joli site internet de l'établissement : www.lepetitcormier.fr. J’ajouterai juste, pour y être passé sur les lieux dimanche, que le Petit Cormier nous garantit le dépaysement avec cette touche subtile apportée par le décor et les produits hispano-mauresques. La belle vaisselle en porcelaine de Limoges coudoie l’intemporel « Bleu de Fès » au style sobre et prestigieux. Une charmante fontaine en zelliges nourrit de son murmure la rêverie des visiteurs attablés sur la terrasse ou se joint discrètement à leurs conversations. Tout en ce lieu raffiné respire élégance, calme et beauté.
Le boutique du Petit Cormier propose désormais une partie de la collection des puzzles Sindbad à la vente. J’en profite pour remercier Jean Vieillart, l’initiateur et le gérant du Salon de thé, pour cette confiance. Des expositions seront organisées à la rentrée ou en fin d’année dans la galerie autour de l’art de la miniature persane et indienne. Comme on peut le constater le Petit Cormier ne craint pas l’éclectisme et assume sans complexe son regard international dans l’exaltation du culte du beau, qu’il soit d’ici ou d’ailleurs.

Le salon de thé du Petit Cormier
Boutique du Petit Cormier

Assiette "Bleu de Fès"

Montigny-sur-Loing

mardi 16 juillet 2013

Sindbad PUZZLE dans La République de Seine-et-Marne



Dans le numéro du lundi 10 juillet 2013, le journal La République de Seine-et-Marne a consacré la première page de sa rubrique Economie à la présentation de Sindbad PUZZLE. Vous pouvez lire l'article sur le site du quotidien en cliquant sur le lien suivant :
 

samedi 6 juillet 2013

Nainsukh : Joueurs de trompettes

Troupe de trompettistes, Nainsukh, vers 1735, MET Museum


On pourrait presque entendre le son assourdissant émis par les trompettes tant Nainsukh de Guler parvient par son don inné de l'organisation spatiale et de l'observation à nous peindre avec brio cette scène musicale. La savante répartition dans l'espace de la poussée énergique des instruments cuivrés, l'effort physique qui se lit sur les visages et les corps cambrés des joueurs, le dépouillement du décor de fond qui concentre l'attention sur les poses expressives des personnages, tous ces éléments concourent à insuffler à la miniature une puissance dynamique captivante.
Cette peinture serait une œuvre de jeunesse de Nainsukh. Il l'aurait exécuté à Guler, dans l'atelier de son père, avant son départ pour Jasrota. Pourtant, y apparaissent déjà tous les dons artistiques du jeune peintre. Ils connaîtront leur plein épanouissement dans le château de son mécène et ami le rajah Balwant Singh.