Complexe palatial avec jardins d'un harem, Faizallah, Lucknow, vers 1765, The David Collection 45,5 X 31,8 cm. |
Il y a deux ans de cela, une magnifique exposition s'était tenue au musée Guimet sur la ville de Lucknow, dans l'état d'Awadh, du XVIIe au XIXe siècle. A cette époque, la magnificence de la cour de Lucknow égalait voire surpassait en faste et en raffinement celle des souverains moghols.
Après le sac de Delhi en 1739 par le persan Nadir Shah, la cour moghole entra dans une phase de déclin qui profita aux différentes régions de l'Inde. Elles en profitèrent pour renforcer leur puissance et devinrent de véritables états indépendants reliés au pouvoir central par une simple allégeance nominale envers le souverain. De nombreux artistes, en quête de nouveaux mécènes, quittèrent la capitale moghole pour s'installer à Hyderabad, Kishangar ou Lucknow. Parmi eux : Faizallah. Les chercheurs jusqu'à présent ne lui ont pas rendu suffisamment justice, l'artiste n'est encore que rarement ou trop brièvement cité dans les livres d'art. Pourtant, le peintre mériterait une meilleure reconnaissance, comme nous en témoigne la miniature ci-dessus où le talent de l'artiste se déploie avec brio. L'oeuvre possède une richesse iconographique époustouflante. Une multitude de détails recouvrent la composition qui s'étale en longueur avec des lignes verticales qui créent un champ de profondeur. Le regard est dirigé de l'espace fermé du harem vers les collines ondoyantes situées de l'autre côté du fleuve. Les représentations animées de l'arrière-plan où l'on voit des scènes de la vie quotidienne, des processions princières, des défilés militaires, des laquais s'affairant à leurs obligations, créent un contraste saisissant avec celles de l'avant-plan où les femmes du harem vivent dans l'oisiveté et les agréments d'une vie hédoniste. C'est à Faizallah que l'on doit une évolution étonnante dans l'illustration des terrasses palatiales. De simples surfaces planes délimitées par des barrières à l'origine, les esplanades prendront avec Faizallah la forme de véritables palais édifiés par un agencement complexe de pavillons superposés. De vastes jardins symétriques, comprenant des parterres fleuris, des fontaines, des plans d'eau, des arbres fruitiers et des oiseaux exotiques, viendront structurer et ordonner l'ensemble selon un plan géométrique. Le palais, les belvédères ainsi que le domaine du prince deviennent des lieux symboliques d'un séjour édénique où, grâce à la gouvernance éclairée du sultan, la prospérité règne et les sujets accomplissent, de bonne grâce, les devoirs inhérents à leurs statuts sociaux.
Princesse réticente emmenée de force devant un prince impatient, Faizallah, vers 1760, British Library |
Vu cette belle exposition au musée Guimet sur la ville de Lucknow. Merci de ce billet fort intéressant. Da'
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