Vanité blessée |
Que s'est-il passé ? Pourquoi cette beauté est-elle en pleurs ? Les fleurs blanches tombées à ses pieds nous livrent quelques indiscrétions sur la cause de son accablement : l'amour s'en est allé.
Mais, qui est-elle ? Une épouse abandonnée par son mari ? Une maîtresse repoussée par son amant ? Une amoureuse délaissée par son cher et tendre ?
Le portrait en pied, par son cadrage serré, par l'absence de tout élément de décor, positionne le spectateur dans une proximité immédiate et ambiguë par rapport au personnage. On se retrouve de plain-pied dans la même pièce que la jeune femme, tout près d'elle, à seulement quelques pas derrière. On se voit tiraillé entre l'envie de rester là, sans faire de bruit, à scruter secrètement la scène et celle de nous dévoiler pour porter assistance à la belle éplorée, notre sens de la charité attisé à l'idée de nous faire valoir auprès d'une telle beauté. Car, il faut avouer que le spectacle ne manque pas de piquant. La jeune femme dégage une sensualité troublante. A demi-dévêtue, son dos aux nuances délicates contraste avec les tons sombres du mur et attire irrésistiblement notre regard qui s'attarde alors, fasciné, sur sa peau douce et veloutée. Il se glisse ensuite vers les courbes voluptueuses que l'on voit se dessiner sous le sari violet aux reflets satinés envoûtants et bordé d'un liséré doré. Pénombre et silence règnent dans la chambre, entrecoupés seulement par les sanglots sourds de la malheureuse.
Barsha |
Vanité blessée démontre avec éclat le talent de Hemen Mazumdar dans le rendu des textures et dans l'évocation d'une atmosphère empreinte d'érotisme et de voyeurisme.
L'artiste s'est toujours complu à montrer les femmes dans des cadres intimistes ou des situations dramatiques qui intriguent le spectateur, titillent sa curiosité, interpellent son imagination, et font de lui le voyeur de leurs états-d'âme à des moments et des lieux où elles pensent être seules, à l'abri des regards indiscrets. Nous les observons à leur insu, perdues dans leurs pensées, l'air songeur, le regard habité par une certaine tristesse ou mélancolie, se mirant dans l'eau ou occupées à des tâches domestiques dans une attitude ou dans une tenue vestimentaire qui met nos sens en émoi.
Les informations biographiques dont nous disposons sur Hemen Mazumdar sont rares. Il semble avoir vécu une vie tranquille, sans éclats ni rebondissements. Il naquit en 1894 dans le village de Gachihata, dans l'actuel Bangladesh. Après des études d'art à Calcutta, chaotiques et vite abandonnées, il se perfectionna en autodidacte à la peinture, en reproduisant les oeuvres des maîtres français et hollandais. Mazumdar fit de la peinture à l'huile son instrument de prédilection. Il restera toute sa vie attaché à cette technique pour laquelle il passe d'ailleurs pour un pionnier en Inde.
Mazumdar acquit une grande célébrité pour ses tableaux érotiques montrant de ravissantes créatures à moitié nues ou en sari mouillé, les pans du tissu collant à leur peau et révélant les formes galbées de leur corps. Pour accentuer le caractère sensuel de ses figures féminines, l'artiste leur conférait une aura de mystère. Il les représentait avec une pointe de tristesse et de rêverie dans les yeux, solitaires, marchant d'un pas gracieux à l'orée des bois ténébreux, une cruche d'eau en étain dans le creux des reins, ou debout telle une nymphe sur les marches d'un bassin, le clair de lune jouant avec les eaux, ou encore dans l'intimité silencieuse d'une chambre.
Par leur veine romantique, les toiles de Mazumdar furent critiquées par les tenants du courant réaliste de l'Ecole de Bengale qui s'efforçaient de produire un art proprement indien qui soit le reflet des problématiques sociales du pays. En dépit de ces attaques, l'oeuvre de Mazumdar fut largement plébiscitée par le peuple comme par les artistes. Ses tableaux lui attirèrent particulièrement les faveurs des maharadjahs de Jaipur, Bikaner, Cachemire, et d'autres états princiers, qui grands amateurs de sexe faible et de belles mécaniques, lui ouvrirent les portes de leurs palais et lui proposèrent leur mécénat. Sa femme, que l'on disait extrêmement belle, fit office de modèles pour bon nombre de ses portraits. L'artiste consacra les dernières années de sa vie à peindre des scènes de la vie rurale du Bengale avec un réalisme puissant, probablement pour échapper aux commandes routinières des portraits de beautés féminines qui affluaient de toutes parts. Hemen Mazumdar s'éteignit en 1948.
L'artiste s'est toujours complu à montrer les femmes dans des cadres intimistes ou des situations dramatiques qui intriguent le spectateur, titillent sa curiosité, interpellent son imagination, et font de lui le voyeur de leurs états-d'âme à des moments et des lieux où elles pensent être seules, à l'abri des regards indiscrets. Nous les observons à leur insu, perdues dans leurs pensées, l'air songeur, le regard habité par une certaine tristesse ou mélancolie, se mirant dans l'eau ou occupées à des tâches domestiques dans une attitude ou dans une tenue vestimentaire qui met nos sens en émoi.
La boucle d'oreille |
Les informations biographiques dont nous disposons sur Hemen Mazumdar sont rares. Il semble avoir vécu une vie tranquille, sans éclats ni rebondissements. Il naquit en 1894 dans le village de Gachihata, dans l'actuel Bangladesh. Après des études d'art à Calcutta, chaotiques et vite abandonnées, il se perfectionna en autodidacte à la peinture, en reproduisant les oeuvres des maîtres français et hollandais. Mazumdar fit de la peinture à l'huile son instrument de prédilection. Il restera toute sa vie attaché à cette technique pour laquelle il passe d'ailleurs pour un pionnier en Inde.
Mazumdar acquit une grande célébrité pour ses tableaux érotiques montrant de ravissantes créatures à moitié nues ou en sari mouillé, les pans du tissu collant à leur peau et révélant les formes galbées de leur corps. Pour accentuer le caractère sensuel de ses figures féminines, l'artiste leur conférait une aura de mystère. Il les représentait avec une pointe de tristesse et de rêverie dans les yeux, solitaires, marchant d'un pas gracieux à l'orée des bois ténébreux, une cruche d'eau en étain dans le creux des reins, ou debout telle une nymphe sur les marches d'un bassin, le clair de lune jouant avec les eaux, ou encore dans l'intimité silencieuse d'une chambre.
Par leur veine romantique, les toiles de Mazumdar furent critiquées par les tenants du courant réaliste de l'Ecole de Bengale qui s'efforçaient de produire un art proprement indien qui soit le reflet des problématiques sociales du pays. En dépit de ces attaques, l'oeuvre de Mazumdar fut largement plébiscitée par le peuple comme par les artistes. Ses tableaux lui attirèrent particulièrement les faveurs des maharadjahs de Jaipur, Bikaner, Cachemire, et d'autres états princiers, qui grands amateurs de sexe faible et de belles mécaniques, lui ouvrirent les portes de leurs palais et lui proposèrent leur mécénat. Sa femme, que l'on disait extrêmement belle, fit office de modèles pour bon nombre de ses portraits. L'artiste consacra les dernières années de sa vie à peindre des scènes de la vie rurale du Bengale avec un réalisme puissant, probablement pour échapper aux commandes routinières des portraits de beautés féminines qui affluaient de toutes parts. Hemen Mazumdar s'éteignit en 1948.
Femme portant une cruche |
Etude de nu |
Baigneuse |
Sans titre |
Etude de Mlle Shelly Gupta |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire