Le Simorgh nourrit l'enfant Zâl, Smithsonian Institution, Washington |
"L'épisode qui a suscité l'un des plus grands chefs-d'oeuvre du Shâh-Nâme de Shâh Tahmasp est à peine décrit par Ferdowsi. Il tient en deux couplets, calligraphiés au dessus de l'image :
Le jeune enfant chétif prit des forces
Des caravanes passèrent au pied de cette montagne
Un homme accompli s'avança, pareil à une pousse
de cyprès
Le buste [puissant] comme une montagne d'argent,
la taille [fine] comme une rose.
C'est peu pour inspirer le paysage enchanté où, parmi des pics rocheux qui s'inclinent dans tous les sens, des ours s'amusent, deux perdrix caquettent et une antilope et sa femelle regardent paisiblement.
Dans les airs, le Simorgh apporte des proies au jeune Zâl, albinos, effectivement devenu un solide gaillard sur fond de ciel inondé de la lumière de gloire.
C'est la beauté du monde, avec sa cruauté et ses surprises, qui prennent l'homme au dépourvu, que le peintre chante ici. Le rythme extraordinaire qui fait frémir les rochers, qui fait ployer les arbres et vibrer les plumes flamboyantes du Simorgh accentue le lyrisme de cette alléluia au monde visible et invisible, aux "deux mondes" selon l'expression coranique.
Cette beauté du monde est telle qu'aucun cadre ne saura le contenir. Tel est, peut-être, le sens du paysage qui continue au-delà du bandeau d'encadrement supérieur."
A. S. Melikian-Chirvani, Le Chant du monde. L'Art de l'Iran safavide, Musée du Louvre Editions
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