Oeuvre de Kalam Patua |
Kalam Patua. L'art de Kalighat. Vous connaissez ? Non ?
Eh bien, sachez que Kalam Patua est un artiste indien dont les oeuvres commencent à être exposées dans le monde entier, de Chicago à New Delhi en passant par Londres.
Kalam Patua a redonné vie à une expression artistique qui s'était éteinte depuis les années 1930, celle de Kalighat, du nom d'une petite ville du Bengale, située à quelques cent cinquante kilomètres de Kolkota (anciennement Calcuta). C'est dans ce petit village de paysans que cet art vit le jour au début du XIXe siècle. Un art traditionnel et populaire, exécuté par les villageois eux-mêmes, avec des couleurs vives et une iconographie naïve. Ce courant artistique a pris son envol grâce aux flots de pélerins qui affluaient pour prier Kali, la déesse noire de la mort, dont le village abritait un temple. Les villageois tirèrent parti de ce pèlerinage pour mettre à profit leur art ancestral de la peinture en réalisant des images de dieux et de déesses à l'attention des pèlerins qui voulaient emporter un souvenir de leur passage au temple. L'art de Kalighat était essentiellment basé sur la spontanéité. Les villageois réalisaient leurs oeuvres en les dessinant à grands coups de traits rapides, souvent sous les yeux des visiteurs eux-mêmes, puis les coloriaient à l'aide de pigments végétaux. Le support qui recevait ces peintures était des rouleaux fabriqués à partir de papier chiffon appelé pat, d'où le nom de patua utilisé pour désigner cet art et ses artistes. Certains peintres patua officiaient également comme conteurs et menestrels itinérants. Ils parcouraient la région pour aller de village en village raconter, lors des veillées du soir autour du feu ou lors des fêtes traditionnelles, des contes et légendes ou des histoires de leur cru. Ils emportaient avec eux dans leurs déplacements des rouleaux peints qui leur servaient d'illustrations pour leurs récits.
Devant le succès grandissant des peintures patua auprès des pèlerins mais également des touristes anglais, les villageois de Kalighat élargirent le répertoire des thèmes iconographiques vers des sujets plus triviaux tels que la vie quotidienne au village, les travaux des champs, les figures animalières... Certains habitants du village qui s'étaient installés à Kolkota utilisèrent leur art pour décrire la ville avec son mode de vie en faisant parfois preuve d'une ironie mordante. Ainsi, ils ne manquèrent pas de croquer avec un regard acerbe ces bengalis occidentalisés singeant les colonisateurs afin de se donner plus d'importance. On pouvait désormais dire que l'art patua formait une école artistique à part entière tant sa production avait acquis une identité visuelle spécifique au niveau de la forme et du fond. L'arrivée de l'imprimerie lui offrit même la possibilité d'atteindre un public plus large en faisant des reproductions des peintures à grande échelle. Malheureusement, le revers de la médaille fut que cet art qui était essentiellement basé sur la spontanéité du trait de l'artiste, perdit de son authenticité pour devenir stéréotypé et figé. Une grande partie de la clientèle européenne le délaissa estimant qu'il ne possédait plus son charme originel. L'art de Kalighat déclina rapidement et entra dans une reproduction stérile et sans saveur des oeuvres du passé.
Devant le succès grandissant des peintures patua auprès des pèlerins mais également des touristes anglais, les villageois de Kalighat élargirent le répertoire des thèmes iconographiques vers des sujets plus triviaux tels que la vie quotidienne au village, les travaux des champs, les figures animalières... Certains habitants du village qui s'étaient installés à Kolkota utilisèrent leur art pour décrire la ville avec son mode de vie en faisant parfois preuve d'une ironie mordante. Ainsi, ils ne manquèrent pas de croquer avec un regard acerbe ces bengalis occidentalisés singeant les colonisateurs afin de se donner plus d'importance. On pouvait désormais dire que l'art patua formait une école artistique à part entière tant sa production avait acquis une identité visuelle spécifique au niveau de la forme et du fond. L'arrivée de l'imprimerie lui offrit même la possibilité d'atteindre un public plus large en faisant des reproductions des peintures à grande échelle. Malheureusement, le revers de la médaille fut que cet art qui était essentiellement basé sur la spontanéité du trait de l'artiste, perdit de son authenticité pour devenir stéréotypé et figé. Une grande partie de la clientèle européenne le délaissa estimant qu'il ne possédait plus son charme originel. L'art de Kalighat déclina rapidement et entra dans une reproduction stérile et sans saveur des oeuvres du passé.
Kalam Patua, comme son nom l'indique, est né dans une famille de patua. Son père était paysan. C'est grâce à sa mère qui possédait un sens artistique aiguisé et à son oncle qui était artiste que le jeune Kalam fut initié très tôt à l'art. Ce n'est que lorsqu'il découvrit à l'âge adulte les peintures de Jamini Roy, le grand artiste dont l'oeuvre fut fortement influencée par l'école de Kalighat, que le déclic se fit en lui. Kalam Patua s'attela avec acharnement à parfaire son art en recopiant inlassablement les oeuvres du grand maître pour s'approprier les ficelles du métier. Travaillant comme préposé unique de la Poste dans un trou perdu, ce n'est que la nuit venue qu'il pouvait se consacrer à son violon d'Ingres. Tout en restant fidèle à l'esprit de Kalighat, il se forgea avec opiniâtreté un style personnel et introduisit de nouveaux thèmes dans le repertoire de base. Kalam se veut un artiste de son temps et il entend utiliser son art pour mettre en exergue les problèmes de la société contemporaine : surpopulation, consommation de masse, aliénation, déviances sexuelles... Mais, l'artiste n'utilise plus le même matériel, ni les mêmes supports que dans le passé. Aux pigments végétaux et aux papiers chiffons, il préfère un matériel moderne et de marque. Pour Kalam, il ne s'agit pas de recopier de manière servile les peintures d'antan ni de reprendre les mêmes techniques de travail mais plutôt de retrouver cet élan du coeur qui animait le pinceau de l'artiste patua lorqu'il créait une oeuvre.
Kalam Patua est aujourd'hui un artiste reconnu. Le Victoria and Albert Museum, qui possède la plus grande collection d'art patua au monde, a récemment fait l'acquisition de plusieurs travaux de l'artiste afin de lui rendre hommage pour avoir réussi le tour de force non seulement de ressusciter un patrimoine artistique moribond mais d'être également parvenu à créer, en prenant appui sur le passé, une oeuvre personnelle qui se fait l'écho des préoccupations de l'homme moderne.
Kalam Patua est aujourd'hui un artiste reconnu. Le Victoria and Albert Museum, qui possède la plus grande collection d'art patua au monde, a récemment fait l'acquisition de plusieurs travaux de l'artiste afin de lui rendre hommage pour avoir réussi le tour de force non seulement de ressusciter un patrimoine artistique moribond mais d'être également parvenu à créer, en prenant appui sur le passé, une oeuvre personnelle qui se fait l'écho des préoccupations de l'homme moderne.
Déesse Kali, peinture patua |
Sneaking into the mirror, Kalam Patua |
Tiger - Woman, Kalam Patua |
Couple, Kalam Patua |
Kalam Patua |
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