Sky Mirror, Anish Kapoor |
On rapporte que Rabi'a fit un pèlerinage et dit en voyant la Kaaba : "Ceci est l'idole adorée sur la terre. Dieu n'y est jamais entré, jamais il ne l'a habitée."
Al-Thawri lui dit un jour : "Tout contrat a sa condition, toute foi sa vérité. Quelle est la vérité de ta foi ?"
"Je ne l'ai adoré, répondit-elle, ni par crainte de son Enfer ni par amour de son Paradis. Car j'aurais été alors comme un mauvais serviteur qui travaille quand il a peur ou quand il est récompensé. Mais je l'ai adoré par amour et par passion de Lui."
"Si nous demandons pardon, disait-elle, il faut nous faire pardonner aussi l'insécérité de notre demande."
On demanda à Rabi'a comment elle voyait l'amour :
"Entre l'amant et l'aimé, dit-elle, il n'y a pas de distance. Il n'y a de parole que par la force du désir et de description que par le goût. Qui a goûté a connu et qui a décrit ne s'est pas décrit. En vérité, comment peux-tu décrire quelque chose quand, en sa présence, tu es absent, en son existence tu es dissous, en sa contemplation tu es défait, en sa pureté tu es ivre, en ton abandon tu es comblé, en ta joie tu te quittes ?"
"La grandeur rend la langue muette. L'effroi empêche le coeur de s'exprimer. La jalousie dérobe les regards aux créatures. L'étonnement interdit à l'esprit toute certitude. Alors, il n'y a que continuel étonnement, effroi incessant, coeur errant, secrets cachés, corps épuisés, et l'amour avec son inflexible pouvoir, arbitre des coeurs."
"Oh, aie pitié des amoureux !
Leurs coeurs sont égarés dans le dédale de l'amour,
Le jour de la résurrection de leur amour est arrivé.
Leurs âmes à jamais sont comblés de faveurs
En vue du paradis d'une perpétuelle union
Ou de l'enfer de l'éloignement incessant des coeurs".
Source : Les chants de la recluse, Arfuyen
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