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dimanche 21 octobre 2012

Nasir al-Din Tûsî : les quatre modes de connaissance

Peinture provenant du palais de Tchehel Sotun (Quarante Colonnes) à Ispahan. Ce palais fut édifié par Shah Abbas pour la réception des ambassadeurs et pour les fêtes. On relève de nombreuses références au vin et aux réjouissances dans les fresques peintes sur les murs de Tchehel Sotun


"Le philosophe Nassir od-Din Toussi[1], l'une des gloires de la pensée persane au XIIIe siècle, a proposé une classification des modes de connaissance qui nous aide à comprendre l'enjeu de cet engagement. Il distingue essentiellement quatre de ces modes, symbolisés chacun par l'une des boissons promises aux élus. Le premier concerne la connaissance sensorielle des phénomènes, régulée par la raison : c'est celui de la science, symbolisée par l'eau. Le second qui met en jeu la connaissance intuitive, gouvernée par l'imagination, est celui de la poésie et de l'art, il est symbolisé par le lait. Le troisième, qui est celui de la philosophie proprement dite, s'élève jusqu'à la compréhension des phénomènes subtils par la voie de la spéculation métaphysique : il est symbolisé par le miel. Le quatrième enfin est celui de l'illumination mystique, qui installe d'emblée l'homme au centre de lui-même, toute distance abolie entre sa personne et la divinité. Cet état suprême, symbolisé par le vin, correspond à l'intelligence du coeur : c'est lui que cherche à atteindre le soufi en s'abandonnant au vertige amoureux. Amour divin ? amour humain ? Si l'ambiguïté plane à tel point dans l'oeuvre des poètes persans et dans celle des peintres qui les ont illustrés avec tant de ferveur, c'est que la gnose orientale s'est toujours méfiée des images désincarnées. Elle professe qu'on ne sépare pas impunément les choses de l'âme de celles du corps. Mieux, elle est au fond assez convaincue, quoi qu'en puissent penser les mollahs, qu'il est dangereux de prétendre s'élever en rejetant la chair que de s'abimer dans la chair en oubliant l'esprit."

[1] Rappelons que cet argumentaire, Nasir al-Din Tûsî l'expose dans le Rawdat al-Taslim (le Jardin de la soumission) qu'il rédigea alors qu'il vivait à Alamut, le chateau-fort des ismaéliens. Nasir était lui-même converti à l'ismaélisme et le final de cet exposé qui affirme la nécessité de respecter les deux parties de la nature humaine, le corps tout autant que l'esprit, est une attitude typiquement ismaélienne.

Source : Les Jardins du désir. Sept sièces de peinture persane, Phébus

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