"Le calame, porte-parole des silencieux
et interprète des coeurs."
Ibrahim Ibn al-Abbas, IXe siècle
Le calame, outil de base indispensable du calligraphe, était essentiellement fabriqué dans le monde musulman à partir du roseau même si le bambou pouvait être utilisé. Le roseau pousse sur les milieux humides, aux abords des rivières ou des marais. C'est une plante qui a besoin de beaucoup d'eau, de soleil et de vent. Ce dernier en la ployant dans tous les sens lui confère souplesse et résistance. Le soleil la pare d'une belle couleur ambrée et la rend lisse. Les roseaux sont coupés par morceaux de quarante centimètres pour la fabrication des calames ou des flûtes.
Fabrication du calame :
Elle se déroule en 4 étapes :
1) L'ouverture :
Le bec est taillé sur l’extrémité la plus fine du morceau de roseau.
Le calligraphe, à l'aide de son canif, commence par ouvrir le ventre du roseau
2) Les côtés :
Ensuite, il taille les côtés du bec en fonction de l'épaisseur qu'il veut donner aux lettres.
Elle est pratiquée exactement au milieu du bec afin de faciliter l'écoulement de l'encre.
4) Le biseautage :
En dernier lieu, il coupe le bec en biais afin que l'écriture soit plus aisée et qu'il puisse jouer avec les pleins et les déliés.
L'inclinaison du biseautage est plus ou moins prononcée selon le style d'écriture.
Les deux dernières opérations (fente et biseautage) se déroulent sur une plaquette de coupe.
Maqta :
La plaquette de coupe (maqta) doit être suffisamment solide mais pas trop dure pour ne pas abimer la lame du canif. La coupe du bec doit être franche et nette. Un bruit sec doit s'entendre : tac.
Le calame, lors de son utilisation, agit pareil qu'un crayon. Il doit être régulièrement retaillé et diminue par conséquent de longueur. On imagine le soin qu'il faut apporter à chaque opération d'affutage du bec afin de conserver aux lettres la même épaisseur tout au long de l'écriture d'un manuscrit. Pour s'y repérer, les calligraphes utilisaient des poils d'âne alignés côte à côté comme unité de mesure. Et c'est l'écriture Tomar, de format large, comptant 24 poils, qui servait de talon de référence. Plusieurs styles basés sur cette unité en tirent même leur nom. Ainsi, les écritures Thuluth et Thoulthaine qui signifient respectivement "un tiers" et "deux tiers" car l'épaisseur de leur trait représentait cette proportion par rapport au Tomar.
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